Plutôt que récolter simplement le bois, on peut faire beaucoup plus d’argent en jardinant la forêt, en récoltant la biomasse, les champignons, les épices de la forêt boréale et en maximisant la valeur ajoutée de ces produits. C’est ce que la Coopérative forestière de Girardville (CFG) fait depuis 2006, et ça ne fait que commencer.

Chaque année, la CFG plante plus de 20 millions d’arbres par année, soit l’équivalent de plus de 10 000 terrains de football. Elle récolte 300 000 mètres cubes de bois et fait de la préparation de terrain sur plus de 10 000 hectares. «Nous avons décidé de devenir les chefs de file dans tous les secteurs d’activités sur lesquels nous travaillons», explique Jérôme Simard, directeur général de la coopérative qui emploie près de 500 personnes chaque année.

Depuis 2006, la CFG a décidé de diversifier ses activités et d’en faire plus que les activités traditionnelles. «On voulait prendre de l’expansion en lien avec la mission que l’on s’est donnée, soit le développement économique local et régional par le maintien et la création d’emplois dans un souci constant de rentabilité», ajoute M. Simard qui gère un chiffre d’affaires de 25 à 30 millions de dollars annuellement.

Optimiser le rendement de la forêt

La coopérative cherche toujours à en faire plus avec moins. «Si on regarde Girardville sur une carte, on voit très bien qu’on est situé dans le bois. Si on ne travaille pas avec les ressources de la forêt, on est mort. Avec les normes environnementales, on doit constamment diminuer notre impact sur l’environnement, ce qui veut dire que chaque hectare de forêt doit produire plus de richesse.»

Depuis quelques années, la CFG a lancé sa filiale Origina, qui fait la prospection, la cueillette, la transformation et la distribution des plantes de la forêt boréale, sous la forme d’épices, de thés, d’huiles essentielles et de cosmétiques. Le marché des produits forestiers non ligneux (PFNL) permet de donner de la valeur ajoutée au territoire forestier.

Nouveaux marchés

La CFG croit tellement au développement de nouveaux marchés qu’elle a mis sur pied la Coopérative des PFNL du Québec avec cinq autres partenaires. «On veut rassembler les producteurs pour générer de volumes assez intéressants pour les acheteurs, afin d’assurer un approvisionnement stable», explique M. Simard. Pour les multinationales, un approvisionnement stable est nécessaire lorsqu’ils veulent développer un produit. Par exemple, Yves Rocher a passé une commande à la Coop de PFNL pour faire des tests afin de développer de nouveaux cosmétiques faits à base de plantes de la forêt boréale. Un dossier à suivre…

La Coop des PFNL a également acheté plus de 4 000 kg de champignons forestiers cet été. La coopérative de Girardville a acheté une partie de cette récolte afin de donner de la valeur ajoutée en commercialisant des sauces et des soupes à base de champignons. «On cherche toujours à être à l’avant-garde. On ne veut pas faire ce que les autres font, alors on a décidé de ne pas se lancer dans les champignons surgelés ou séchés. On préfère optimiser la valeur en faisant une deuxième transformation.»

Le bois comme source d’énergie

Toujours dans l’idée de créer un maximum de valeur, la CFG a lancé deux compagnies pour maximiser les retombées régionales de la biomasse forestière. Ils ont d’abord lancé Résomass, un intégrateur provincial de la chaîne de valeur de la biomasse forestière, de la récolte à la distribution de la biomasse. Résomass est également distributeur de chaudières de biomasse Okefen. Puis, il y a CFG énergie qui vend de l’énergie à ses clients.

«On ne vend pas de la biomasse, on vend de l’énergie à nos clients. On s’occupe de tout, la bouilloire, l’entretien, l’approvisionnement. En plus de réduire les coûts de chauffage, la biomasse permet de réduire notre dépendance aux combustibles fossiles. Mais le plus important, c’est que 100 % de l’argent reste dans l’économie locale et on consolide les emplois en région», explique Jérôme Simard. La CFG a aussi lancé une coopérative de valorisation de la biomasse avec plusieurs partenaires régionaux.

Et ça continue

La coopérative souhaiterait remettre en valeur une usine de sciage fermé en 2004 à Girardville. «On regarde différents scénarios avec des partenaires. Si ça fonctionne, je peux vous assurer qu’on fera les choses différemment, que l’on va utiliser l’ensemble de la fibre et que l’on va créer de la valeur ajoutée», lance Jérôme Simard. Les projets ne manquent pas alors que la coopérative réalise également un développement immobilier de sept maisons entièrement chauffées à la biomasse.

—————-
Cet article a été traduit en anglais dans le supplément bilingue de notre édition de novembre 2012 sur le Sommet international des coopératives.