En 1995, à La Baie au Saguenay, Patrick Déry construisait sa première «Tiny House», avant même l’invention de l’expression, inspiré par le livre Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau, dans lequel l’écrivain raconte ses deux ans passés en forêt dans une cabane. Même si sa maison était construite en paille, ce qui n’est pas le cas des mini-maisons d’aujourd’hui, elle a permis de réduire l’empreinte écologique et d’offrir une isolation maximale en saison froide.

Il est maintenant possible d’habiter une maison au Québec en réduisant considérablement les coûts en électricité et en hypothèque, tout en étant plus écologique. Pas besoin de s’isoler dans un camp de chasse, une roulotte ou un chalet au milieu de la forêt, les mini-maisons répondent à ces critères et peuvent être construites dans un quartier qui leur est réservé.

Des solutions écologiques et économiques

Selon Olivier Houle-Roberge, le fondateur de l’entreprise rimouskoise NANO Architecture, une mini-maison ne devrait pas dépasser 60 mètres carrés. Mais il existe aussi les micro-maisons qui, elles, font moins de 30 mètres carrés et sont construites, pour la plupart, sur roues. Le problème avec ces dernières,  c’est que « légalement, les micro-maisons sont considérées comme des roulottes, donc on a le droit de les placer dans un camping, sauf que les campings sont ouverts juste une partie de l’année. » Si le bâtiment possède une fondation, mais mesure moins de 100 mètres carrés, on peut le classer parmi les petites maisons.

Pour qu’une habitation soit considérée comme une mini-maison écologique, elle doit utiliser des énergies renouvelables comme l’hydro-électricité ainsi que des matériaux durables à faibles impacts sur l’environnement. Par exemple, les propriétaires d’une mini-maison peuvent utiliser des panneaux solaires photovoltaïques sur le toit ou sur le mur extérieur afin de maximiser la production d’électricité pendant la période hivernale. L’utilisation de petites éoliennes permettrait aussi de produire un peu d’électricité. Pour le chauffage, le plus efficace est d’utiliser l’énergie solaire passive en augmentant les ouvertures au sud pour optimiser les gains de chaleur en hiver. L’installation d’un petit poêle à bois ou d’un chauffage électrique contribuerait à disperser la chaleur dans la maison pendant les grands froids. Olivier Houle-Roberge affirme que « la plupart des mini-maisons sont chauffées au propane. » Selon lui, c’est amplement suffisant puisque l’espace est très petit. En été, les pare-soleils permettraient au contraire de créer de l’ombrage pour éviter le surplus de chaleur à l’intérieur. Pour ce qui est du système de plomberie, l’une des solutions est d’utiliser un chauffe-eau au propane instantané et un réservoir d’eau potable isolé sous terre ou intégré au système de rangement du plancher. « Pour l’entrée d’eau, il existe aussi des tuyaux chauffants », explique Monsieur Houle-Roberge. La manière la plus écologique de produire moins d’eaux usées est l’installation d’une toilette à compost qui peut comprendre un ventilateur intégré pour contrôler les odeurs.

Les contraintes municipales

Ces solutions écologiques font en sorte que les mini-maisons peuvent être construites et déplacées presque n’importe où. Cependant, pour construire sa propre maison écologique, il faut s’informer auprès de sa municipalité pour s’assurer que les normes et les lois en vigueur permettent ce type de construction. « Chaque municipalité impose normalement un minimum de pieds carrés pour construire sa maison», explique le fondateur de NANO Architecture. La solution trouvée par certaines villes, comme Lantier dans les Laurentides et bientôt l’Île-Verte au Bas-Saint-Laurent, est de constituer un quartier réservé aux mini-maisons qui peuvent mesurer aussi peu que 300 pieds carrés, mais selon Monsieur Houle-Roberge, « les municipalités sont encore frileuses, parce qu’elles ne veulent pas répéter les parcs de maisons mobiles. »

Évidemment, ce type d’habitation ne convient pas à tout le monde, « ce n’est pas une façon officielle d’habiter au Québec », explique Olivier Houle Roberge. « C’est mieux d’opter pour une maison sur fondation, car elle prendra de la valeur immobilière contrairement à la micro-maison sur roues qui, elle, en perdra. En terme d’efficacité énergétique, une mini-maison sur fondation est un meilleur choix pour l’hiver, parce qu’un plancher sur une fondation de béton perd moins de chaleur qu’un plancher hors sol.»