La Coopérative de solidarité NORD-Bio travaille depuis 2008 à valoriser et faire connaître l’agriculture biologique dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. En 2011, plusieurs producteurs d’ail, membres de la coopérative, constatent que la demande pour l’ail biologique du Québec est en constante augmentation. Ils décident alors de se regrouper pour accroître la production d’ail et faire une mise en marché collective.

«Il a d’abord fallu établir un protocole afin que tous les membres aient de l’ail et une fleur d’ail relativement uniforme au niveau de la production, de la récolte, du séchage, du conditionnement et de l’emballage», explique Marlène Gaudreault, chargée de projet à la Coop NORD-Bio. Depuis deux ans, la superficie d’ail cultivé a ainsi doublé, passant de trois à six acres.

La force du collectif

La fleur d’ail, cette hampe florale qui se déploie du bulbe de l’ail, était peu commercialisée auparavant par les producteurs. La fleur d’ail arrive début juillet, plusieurs semaines avant l’ail, ce qui permet d’ajouter un revenu supplémentaire aux producteurs.

Seuls, les producteurs n’auraient pu investir le temps et l’argent nécessaires au développement d’une telle mise en marché. L’embauche d’une chargée de projet a donc été capitale, tout comme l’adoption d’un emballage commun.

Développer des réseaux de vente

Il a fallu trouver de nouveaux clients à qui vendre cet ail. Pour faire connaître le produit, rien de tel qu’un contact direct. «Je suis partie début juillet avec mes sacs de fleurs d’ail et j’ai laissé une cinquantaine de sacs aux restaurants et aux épiceries de toutes les municipalités du Saguenay-Lac-Saint-Jean», raconte Marlène Gaudreault.

Tous les mardis, elle appelle sa liste de noms, clients ou non, et prend les commandes. Les producteurs ont décidé d’une façon de faire afin de se partager équitablement les commandes:  les cinq premiers paquets de fleurs d’ail vont à un producteur, puis c’est au tour du suivant. Les commandes sont réparties en fonction du territoire afin de limiter les kilomètres parcourus pour la livraison.

Portrait de la coopérative par VISAGES Régionaux.
Vidéo: www.visagesregionaux.org

Le défi du financement

Marlène Gaudreault estime que pour les producteurs, ce type de mise en commun vaut le coup. Par contre, du point de vue de la coopérative qui reçoit une quote-part de 10%, le projet est difficilement viable. Ce projet de mise en marché a bénéficié d’un appui financier du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), qui prend fin cette année.

Marlène Gaudreault pense que les programmes de subventions du MAPAQ, qui encouragent beaucoup l’innovation, ne sont pas forcément adaptés à maintenir des projets qui fonctionnent. «Nous avons eu accès à des subventions pour des projets nouveaux, mais pas pour les faire rouler ensuite. Qu’est-ce qu’on fait avec un projet qui marche bien?» se demande Marlène Gaudreault.

Comment la suite du projet va-t-elle se financer? «Dans la formule coopérative, ce sont les membres qui décident. Les producteurs doivent se réunir cet hiver pour prendre des décisions quant à la poursuite ou non du projet», conclut Marlène Gaudreault.

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