Courant d’abord marginal, la permaculture se répand désormais de façon exponentielle. Près de 500 personnes se sont réunies à Frelighsburg pour la neuvième Convergence de permaculture du Nord-Est de l’Amérique, du 5 au 7 juillet dernier, battant le record de participation des éditions précédentes. Une occasion pour des gens tant du Québec que d’autres provinces et des États-Unis d’échanger sur leurs projets et de constater que loin d’être en marge de notre société, cette alternative s’y retrouve en des endroits souvent insoupçonnés.

L’engouement pour la permaculture au Québec ne fait aucun doute pour Grégoire Lamoureux, instructeur et designer de projets de permaculture – et un des premiers à l’enseigner ici – installé en Colombie- Britannique. « Ça fait plusieurs années que je n’enseigne plus au Québec, mais j’ai des demandes, souligne-t-il. Je travaille sur un projet dans les Laurentides et j’ai régulièrement des courriels du Québec, donc l’intérêt est là. J’ai aussi des Québécois qui viennent à l’Ouest suivre un cours. Les gens recherchent des solutions positives. »

Un exemple de l’application de la permaculture dans la vie courante : les logiciels libres. Mozilla Firefox, Linux, Apache et WordPress sont largement utilisés à travers le monde. Selon Geoffroy Ménard, conférencier lors de la Convergence, les points communs entre les deux domaines sont nombreux. « Les deux modèles sont basés sur la coopération, la décentralisation et l’impératif d’accepter la rétroaction, affirme- t-il. Le but est d’apporter des solutions du bas vers le haut et non l’inverse. »

Un avenir à défricher

Si la Convergence marque un point tournant pour l’avenir de la permaculture, celui-ci ne sera pas sans écueils. « L’accès au territoire est une limite, c’est dispendieux, reconnaît Grégoire Lamoureux. L’accès aux outils et à la connaissance aussi : il n’y a pas beaucoup de modèles ou d’exemples dans la région. C’est un défi et une opportunité en même temps, ça prend des personnes qui vont plonger et prendre la chance. »

La permaculture est une solution aux changements climatiques, selon Eric Toensmeier, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. « La permaculture va permettre de séquestrer une immense quantité de gaz à effet de serre, affirme-t-il. Si on peut combler nos besoins alimentaires tout en combattant les changements climatiques, c’est une belle victoire mutuelle pour les gens et l’environnement. »

Suite au bouillonnement et au partage d’idées de la Convergence, les modèles risquent de se multiplier. Un pas de plus vers la diffusion de ce qui s’impose comme une alternative plus qu’intéressante au modèle agricole actuel… voire à des pans entiers de notre fonctionnement en société.