D’une part, il vous raconte ses paniers de légumes biologiques et le soin qu’il porte à son petit lopin de terre. D’autre part, il vous expose les secrets de sa haute productivité et de sa rentabilité, chiffres à l’appui. Voici Jean-Martin Fortier, un agriculteur pas comme les autres qui a reçu à sa ferme vendredi des dizaines de participants à la Convergence de permaculture du Nord-Est de l’Amérique (5 au 7 juin à Frelighsburg).

D’une part, il vous raconte ses paniers de légumes biologiques et le soin qu’il porte à son petit lopin de terre. D’autre part, il vous expose les secrets de sa haute productivité et de sa rentabilité, chiffres à l’appui. Voici Jean-Martin Fortier, un agriculteur pas comme les autres qui a reçu à sa ferme vendredi des dizaines de participants à la Convergence de permaculture du Nord-Est de l’Amérique (5 au 7 juin à Frelighsburg).

«Depuis 2007, ma production a augmenté d’au moins 30 %, sur la même superficie. Mon chiffre d’affaires atteint 130 000 $ et il pourrait encore augmenter l’an prochain.» Jean-Martin Fortier, 35 ans, tient un propos franc, sans prétention, fondé sur son expérience de jardinier-maraîcher biologique.

La seule prétention de notre agriculteur est de bien vivre d’agriculture. Les Jardins de la Grelinette sont rentables, sa conjointe Maude-Hélène Desroches et lui s’en tiennent à des semaines de 50 heures ou moins. Même en pleine saison, l’après-midi se termine sous prétexte d’aller chercher leurs enfants de quatre et neuf ans.

«Nous n’avons pas l’ambition de nourrir la planète. Nous voulons nourrir nos communautés, avec des aliments sains et savoureux, issus d’une agriculture locale et écologique», a-t-il indiqué en entrevue.

Installés à Saint-Armand, dans les Cantons-de-l’Est, Les Jardins de la Grelinette alimentent aujourd’hui 120 familles avec ses paniers de légumes en Agriculture soutenue par la communauté (ASC). Un volume équivalent de légumes est écoulé dans des marchés publics, le jeudi à Saint-Lambert et le samedi à Lac-Brome.

La superficie cultivable s’étend sur 1,5 acre, ou 0,8 hectare. À 130 000 $ de revenus bruts, cela représente une productivité astronomique de 162 500 $ l’hectare, alors qu’en grandes cultures conventionnelles (soya ou maïs), des revenus de 2500 $ par hectare sont jugés excellents.

«Chaque année, on arrive à optimiser nos pratiques, sans jamais cultiver sur plus grand, affirme Jean-Martin Fortier. Au lieu d’épuiser notre sol, on l’améliore, en le perturbant au minimum, lui ajoutant de la matière organique et le soumettant à une rotation de cultures sur 10 ans.»

Les pratiques qu’il a mises au point sont détaillées dans Le Jardinier-Maraîcher – Manuel d’agriculture biologique sur une petite surface, publié chez Écosociété. Le livre en est rendu à 14 000 exemplaires vendus, dont 4 000 France. «Je ne comprends pas comment un livre technique sur la production maraîchère puisse être aussi populaire!», s’exclame son auteur.

L’esprit pragmatique, Jean-Martin Fortier affirme simplement avoir adapté des pratiques comme la culture sur planches permanentes et l’usage de bâches pour en arriver à produire des légumes de façon extrêmement productive et efficace. Il n’hésite pas à de doter d’outils manuels sophistiqués pour faciliter les semis, le sarclage ou la récolte, telle cette récolteuse à mesclun activée par une visseuse électrique (en vidéo sur lagrelinette.com).
«Nous travaillons avec des espacements très serrés entre les rangs, de sorte que rendus aux trois quarts de leur croissance, les légumes couvrent le sol, ce qui élimine les travaux de désherbage, illustre-t-il. Nous utilisons des filets anti-insectes, des voiles thermiques et très peu de diesel (240 $ par année) pour travailler le sol en surface.»

La main d’oeuvre est assurée par le couple, un employé à temps plein en saison de production et un employé à temps partiel.
«Les Jardins de la Grelinette sont une des fermes qui ont le mieux tiré parti des principes permaculturels au Québec», a indiqué Bernard Alonso, conférencier à la Convergence et pilier du mouvement de permaculture au Canada.

Jean-Martin Fortier reconnaît s’être beaucoup alimenté de littérature sur la permaculture pour développer ses techniques et son plan de ferme. «Je trouve la permaculture géniale, dit-il. C’est une école de pensée qui analyse les systèmes de production à une petite échelle et les liens écologiques entre chaque élément, pour créer des systèmes automnes et moins énergivores. De mon côté, mon projet n’est pas de faire la démonstration que les légumes peuvent pousser parmi les mauvaises herbes, mais plutôt qu’on peut arriver à bien vivre d’une agriculture écologique.»