Fondé en 2004, Entraid’ est un mensuel qui s’adresse aux adhérents des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA). «On est en quelque sorte le Protégez-vous du machinisme agricole», explique sa directrice, Joëlle Plantin. «On aborde deux domaines: le matériel agricole et la gestion économique, financière et humaine propre aux coopératives agricoles».

Entraid’ est une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Elle associe les fédérations de CUMA (actionnaire majoritaire), les salariés, les lecteurs-usagers (association des lecteurs d’Entraid’). Son siège social est implanté à Toulouse, mais le journal possède quatre rédactions. Situées à Toulouse, Rennes, Clermont-Ferrand et Poitiers, elles traitent l’actualité propre à chaque région.

Les fédérations de CUMA sont actionnaire majoritaire, mais Joëlle Plantin se défend de publier un journal à la solde des mouvements coopératifs agricoles. «Les gens des CUMA aimeraient que cela devienne un bulletin de communication, mais nous sommes un véritable journal avec sa problématique. Nous offrons des pages d’informations issues de tous les départements, des reportages, des analyses, beaucoup de chiffres et des conseils d’experts.»

La liberté rédactionnelle envers et contre tout

Entraid’ est adossé à un mouvement professionnel, tout en étant financé à 50% par de la publicité, ce qui ne va pas sans parfois poser de problèmes sur le contenu du journal. «Nous sommes confrontés aux tentatives des annonceurs de s’insérer dans le rédactionnel: « de la pub si vous parlez de moi dans vos colonnes ». Mais notre ligne de conduite est claire, au grand dam parfois de nos commerciaux qui reçoivent les reproches de notre « manque de souplesse ». Heureusement, le projet éditorial partagé des associés d’Entraid’ est clair également: le journal ne dépend pas d’une institution, mais il appartient aux lecteurs, fédérations, salariés, ce qui lui permet une diversité des points de vue, une indépendance de ton, un pluralisme.»

Reste que le tribut de l’intégrité peut s’avérer lourd. Celle qui doit au quotidien gérer la coopérative concède que «les finances sont très tendues. Nous avons sorti notre nouvelle formule, mais notre nombre d’abonnés reste stable».

Beaucoup de ressources n’ont cependant pas été complètement exploitées: le bouche à oreille, le soutien des fédérations départementales de CUMA sont autant de leviers qui contribuent à la promotion du journal. C’est aussi sans compter sur ce surprenant paradoxe démographique: «Malgré la population agricole en diminution, le nombre de cuma est stable, si bien qu’aujourd’hui, quasiment un agriculteur sur deux en France est un adhérent des CUMA», s’étonne Joëlle Plantin. L’entraide est décidément bel est bien dans l’air du temps!

Cet article est le second d’une série sur la presse coopérative française, réalisée par Gaëlle Ruaux, correspondante du journal Ensemble qui s’est rendue en France. Le premier a été publié dans l’édition mensuelle par abonnement, et deux autres textes compléteront bientôt la série.