Le dépanneur ferme dans votre petit village si agréable, juché au cœur des montagnes laurentiennes, emportant avec lui l’unique station-service à des lieues à la ronde? Pas de panique: ça s’est déjà passé ailleurs. Partout au Québec, des équipes de recherche étudient des situations réelles de développement rural et en tirent des leçons qui pourraient inspirer d’autres communautés. Pour que ces études sur l’économie de proximité soient utiles aux municipalités, aux organismes de développement et aux personnes engagées dans leur localité, elles ont été résumées dans un outil interactif: Un visage à la carte. Produit par l’Alliance de recherche Universités – Communautés – Développement territorial et Coopération (ARUC-DTC), cet outil en ligne a été rendu public fin septembre. En cette Semaine de la coopération, le journal Ensemble vous en offre une visite guidée.

En quelques clics, nous voici devant plusieurs exemples de coopératives fondées pour offrir les services de dépanneur et de station-service. Le Garage coop d’Albertville fait partie des cinq exemples de la fiche sur les Coopératives de services de proximité et milieux ruraux au Bas-Saint-Laurent.

Simple et détaillé

Pas moins de 33 fiches résument ainsi les études réalisées sur un grand nombre de régions. Du Témiscamingue aux Îles-de-la-Madeleine, du lac Champlain à Sept-Îles, ces études sur l’économie de proximité sont épinglées à une carte interactive. Pour trouver facilement réponse au besoin de leur communauté, les internautes peuvent scruter le classement en cinq «dimensions».

Les cinq dimensions (Gouvernance, Ressources naturelles, Savoirs pratiques, Services collectifs et Soutien au développement) sont chacune développées en plusieurs catégories qui facilitent la recherche.

En cliquant sur la carte, on peut même obtenir l’étude très complète qui parle de notre fameux Garage coop, signée par Étienne Lessard, agent de développement coopératif à la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, dans le cadre de la Maîtrise en gestion et gouvernance des coopératives et des mutuelles, à l’Université de Sherbrooke (IRECUS). Cet outil se veut donc à la fois simple et exhaustif.

Malgré l’absence d’un champ de recherche au moment de notre visite sur le site, il est possible de télécharger le cahier PDF des 33 fiches, puis de rechercher un terme précis à l’aide de la fonction de recherche: ctrl+f (cmd+f sur Mac). C’est ainsi que nous avons trouvé neuf mentions du mot «épicerie».

Partager les bons coups

«Ça va être un outil d’encouragement, parce que ça nous permet de voir que sur notre territoire rural, il y a plein d’initiatives qui se font», a réagi Larry Bernier, maire de Lac-Édouard. Enthousiaste, il compte profiter de cet outil pour «voir quelles sont les expériences qui ont été faites ailleurs, de façon à éviter les erreurs qui ont pu être commises, et profiter des bons coups.»

C’est ainsi que l’outil a été pensé, confirme Marie-Joëlle Brassard, directrice de la recherche et du développement au Conseil Québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM). «Ça sert à faire des liens entre les chercheurs et la pratique, explique la chercheure. Ça aide les praticiens à lever la tête pour aller voir plus loin, et ça sert aux chercheurs à se rapprocher du terrain. Ça met ensemble des intérêts différents.»

Souvent, les enjeux de développement local sont sujets à des intérêts divergents. Mme Brassard souligne l’importance de disposer du regard indépendant qui est celui des équipes de recherche. Elle donne l’exemple d’un maire qui veut développer sa municipalité à l’aide du Visage à la Carte. Avec cet outil, «il va chercher l’information et la partage avec les gens de sa communauté», au lieu de privilégier une stratégie à l’avance.

«On a intérêt à coopérer tous ensemble, les gens de toutes les régions du Québec, de façon à ce que cette coopération-là ne soit pas uniquement locale ou régionale, mais qu’elle soit panquébécoise et qu’on s’entraide les uns les autres», a conclu M. Bernier.