Le rêve du travailleur autonome et du travailleur nomade urbain? Un espace de travail ultra fonctionnel où il se sent chez lui, un pied à terre bien fréquenté dans le cloud extrême de sa vie. Un endroit multifonctionnel, animé et inspirant où poser son portable et faire germer ses idées. Mais aussi où discuter de ses réalisations avec d’autres travailleurs venus d’horizons les plus divers et créer de nouvelles associations fructueuses. Eh bien, Créagora, c’est tout ça, puisqu’il se veut à la fois un réseau, un espace de travail partagé et un lieu d’échange et de collaboration.

Le premier en son genre à voir le jour à Gatineau, en Outaouais. Créagora, espace coopératif de travail, est né au printemps dernier de la cogitation de trois collaboratrices qui partageaient déjà un espace de travail et voulaient faire profiter les autres de leur expérience solidaire: Pascale Payant, designer graphique, Nadine Archambault, organisatrice d’événements et Sylvie Messier, rédactrice réviseure.

Elles ont donc conçu Créagora, un espace de 3000 pieds carrés dédié au coworking et à la cocréation. Et pas n’importe quel espace. Un espace quasi complètement à aires ouvertes, limite techno, design branché, agréable et convivial, qui s’ouvre, comme il se doit, sur une réception et une salle d’attente. Le tout respire le fonctionnel, la polyvalence et le polymorphe, un brin sophistiqué, mais avec dinette et table de ping-pong en sus, histoire d’avoir bon ton. S’y ajoute, et pourquoi pas, salle de télé rétro et accès à une machine à café qui vous prodigue à volonté un café équitable et coopératif. Et puis tiens, surgissent là, derrière, des portes de garage qui donnent sur la cour pour les épluchettes. Quoi d’autre? Un p’tit comptoir façon bar où recevoir les clients sur le pouce, des tableaux blancs dernier cri où faire glisser des crayons feutres quand il faut «faire un dessin» pour bien se faire comprendre, des salles de réunion où exercer des talents d’orateur et se prendre enfin au sérieux; et puis du monde à qui jaser et avec qui réseauter… J’en oublie, c’est sûr. Mais en tout cas, Créagora, c’est tout ça et sans avoir à en payer le coût exorbitant. Parce que Créagora, c’est une coop de solidarité.

Les avantages de la formule coopérative? Pas seulement de partager l’espace et les coûts, mais aussi la liberté de choisir combien on veut mettre sur son espace: plusieurs forfaits sont offerts selon que l’on veuille se prévaloir d’un poste permanent ou que l’on soit seulement de passage, membre de soutien ou membre utilisateur. C’est la liberté d’y venir quand bon nous semble, selon ses disponibilités et son budget. C’est le choix entre un poste de travail individuel ou des postes regroupés. C’est bien sûr Internet illimité, mais aussi le télécopieur, l’imprimante et le service de numérisation et, pour les photographes, un coin studio avec fond blanc.

C’est un endroit où venir socialiser, un milieu animé où organiser des événements rassembleurs, expositions ou formations ouvertes. C’est l’isolement vaincu, mais aussi et surtout sa vie professionnelle désenchevêtrée de sa vie personnelle.
Parti de San Francisco en 2005 avec le Hat Factory, le cotravail se répand en fait de par le monde comme un feu de brousse. Il y aurait déjà, selon Wikipédia, plus de 1800 espaces de cotravail sur les cinq continents. Au Québec, on en compte treize, dont la majorité à Montréal et à Québec, et maintenant un à Gatineau. En quelques années, ce mouvement mondial de partage de ressources a pris les allures d’un train filant à toute allure. Où naîtra le prochain? Histoire à suivre.