C’est à pied qu’un petit groupe de femmes des communautés de Uashat mak Mani-Utenam a rallié Montréal à partir de Sept-Îles pour participer à la Journée de la Terre du 22 avril et dire «Non au Plan Nord». Sur le chemin, d’autres Innus les ont rejointes, pour devenir une quarantaine. La délégation a délivré son message dans le parc Jeanne-Mance devant 300 000 manifestants.

Avant de monter sur la scène, Élise Vollant, la porte-parole de groupe, nous explique pourquoi ils ont marché sur 1060 km: «On a marché pour la reconnaissance de nos droits, on veut protéger notre Nitassinan (territoire en innu) et dire Non au Plan Nord».

Un non à ce vaste plan d’exploitation des ressources naturelles et de développement économique que le gouvernement québécois a le projet de déployer au nord du 49e parallèle sur le territoire du Québec. En arrière-scène, les marcheurs en habits traditionnels suivent sur l’écran géant le passage des artistes et des organisateurs de la manifestation. Dans leur dos, on peut lire le slogan apposé sur leur gilet: «Reconnaissance de nos droits. Protégeons le Nitassinan».


Photo: Christine Gilliet

Le 1er avril, un groupe de quatorze Innus de Uashat mak Mani-Utenam, essentiellement constitué de femmes placées en avant, ont quitté leur communauté près de Sept-Îles et ont entamé leur marche. A raison d’une soixantaine de kilomètres par jour, ils sont arrivés à Montréal le 19 avril. Des Innus de la Côte-Nord les ont rejoints, de La Romaine, Mingan, Pessamit, quelques-uns de la communauté huronne-wendate de Wendake près de Québec, et leur nombre est passé à 45.

«C’est important de laisser un territoire à nos enfants, aux générations futures, un endroit où aller pour chasser, pêcher», poursuit Élise Vollant. «Ce territoire, celui de nos ancêtres, sera détruit avec le Plan Nord. Où nos enfants vont-ils aller chercher leur culture, leur histoire et leur identité?»

Photo: Christine Gilliet

Sur la scène après Samian, un appel

La troupe a pris place sur la scène et Élise Vollant s’est exprimé en français et en innu après que Samian, le rappeur algonguin de l’Abitibi-Témiscamingue, eut chanté et dénoncé le Plan Nord avec ses mots: «Le gouvernement a décidé de perdre le Nord/Pour des diamants, de l’argent et de l’or/Il prétend vivre dans un pays libre/Mais ils ignorent que la nature est notre parfait équilibre…», et sa phrase refrain: «Mais un jour vous comprendrez que l’argent ne se mange pas».

Pour Élise Vollant, cette marche lui a permis «d’aller chercher une force. On a allumé un feu et il ne faut pas l’éteindre. On va aller chercher plus de monde dans toutes nos communautés». Elle appelle aussi tous les Québécois qui sont contre le Plan Nord à défendre le territoire.