La coopérative de Pointe-aux-Outardes a misé sur la permaculture, la proximité et la solidarité pour vendre ses produits et ceux de ses membres producteurs associés. Si son offre est originale, elle a dû enrichir sa méthode de culture en raison des contraintes géographiques. Quant à sa distribution sur le marché d’une ville industrielle proche, les mentalités restent à conquérir.

Lors de sa création en 2008, les fondateurs ont délibérément choisi le statut de Gaïa: elle sera une coopérative de solidarité, pour «regrouper tous les acteurs locaux du milieu agricole: producteurs, distributeurs, consommateurs, afin de répondre à leurs besoins selon un processus d’équité à long terme», explique Mélodie Desrosiers, directrice générale et membre travailleuse.

La permaculture est au centre de la philosophie de la coop, de sa gouvernance et de son financement. Gaïa regroupe aujourd’hui près de 200 membres, essentiellement des consommateurs, une dizaine de membres de soutien, deux membres travailleurs et quatre membres producteurs.

Sur les 32 hectares de la terre de Gaïa, cinq sont cultivés pour l’instant. Il y pousse des légumes dans des champs, des tunnels et des serres; le reste est occupé par la forêt, dont une zone de conifères aménagée pour la culture des champignons shiitake.

La coop vend à ses membres 80 paniers incorporant à 85 % ses produits; ceux de ses membres producteurs (agneau, pain, petits fruits) complètent l’offre. Les membres consommateurs familles viennent les chercher à trois points de vente, deux à Baie-Comeau et un à Pointe-aux-Outardes; les cinq consommateurs corporatifs locaux revendent et transforment les produits de la coop.

Permaculture enrichie et shiitake

«Je travaille selon les principes de permaculture purs et durs, souligne Mme Desrosiers. Ce que j’ai fait ailleurs au Canada fonctionnait très bien, mais ici, avec la rigueur du climat, la pauvreté et l’acidité des sols, on a dû être un peu interventionnistes. Après trois ans, on a modifié nos interventions, enrichi la terre avec de la chaux et du fumier, ce qui ressemble plus à l’agriculture biologique traditionnelle.» Depuis 2011, la production a augmenté et le nombre de membres a suivi, même si  les revenus de la coop demeurent modestes et que son fonctionnement repose encore sur l’implication bénévole des membres.

Après des études et essais sur les substrats et les espèces de shiitake, «on est de plus en plus productifs en quantité et en qualité, précise Mélodie Desrosiers, pour avoir un champignon qui se démarque de ceux du marché asiatique et états-unien».

Native de Pointe-aux-Outardes, Mélodie Desrosiers raconte que la culture dans les jardins privés a toujours été une tradition de son village. Mais, à Baie-Comeau, une ville industrielle où très peu de gens cultivent, la façon de penser et les valeurs sont différentes. Pour changer les mentalités, promouvoir la qualité de ses produits, son savoir-faire et discuter de l’ampleur du travail à faire, la coop Gaïa organise des ateliers éducatifs et des activités chaque mois.

Par exemple, les participants à un atelier sur le shiitake ont procédé à l’inoculation du champignon sur des billes de bouleau et ont pu repartir avec un morceau de bois et la promesse d’avoir des champignons l’été prochain.

www.coop.gaia.ca