C’est loin du brouhaha des salles de presse que les journalistes indépendants composent avec les défis de leur métier, de la recherche de sujets à la négociation de contrats, en passant par le travail journalistique lui-même. Personne au bureau à côté à qui refiler un tuyau ou demander conseil. Pendant la tournée de consultation sur le journalisme indépendant, des solutions ont été proposées pour améliorer leur sort. Briser l’isolement figure en tête des priorités.

«Je me sens seule. Je n’ai pas d’équipe autour de moi. Quand je réfléchis sur un texte que j’écris, je n’ai pas d’échos», confie Nathalie Deraspe, rédactrice en chef de Flèche, le magazine des Laurentides et qui a longtemps été journaliste pigiste.

La solitude a souvent été évoquée pendant la tournée. «On va être de plus en plus seuls à devoir se vendre», croit aussi Hélène Roulot-Ganzmann, journaliste indépendante dans la région de Montréal. Pour elle, impossible de s’en sortir seul, il faut se regrouper.

Négociation collective

La force de l’association a souvent été nommée comme solution à la précarité. La mobilisation de l’Association des journalistes indépendants (AJIQ) contre le contrat de TC Média a porté ses fruits. TC Media a revu un contrat jugé inacceptable par les pigistes et respecte maintenant les droits d’auteurs et les droits moraux.

Pour plusieurs, la mobilisation pourrait aller encore plus loin. Des mécanismes de négociation collective permettraient aux journalistes de ne plus avoir à négocier à la pièce avec les grands conglomérats.

Militer en faveur d’un pouvoir de négociation collective a été évoqué à plusieurs reprises pendant la tournée. La deuxième recommandation du rapport du Groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information, signé par Dominique Payette en janvier 2011,  recommandait l’adoption d’une loi comme celle qui régit les conditions d’engagement des artistes, assortie d’une obligation pour les groupes de presse de négocier les contrats avec l’instance qui représente les journalistes indépendants.

Financer le journalisme de qualité

Autant les citoyens que les journalistes ont déploré l’espace pris par la publicité dans les médias. «Le contenu sert à boucher les trous», a déclaré une participante. Le financement par la publicité suscite l’autocensure et met les journalistes dans des positions délicates. Dans certains petits médias, une seule et même personne s’occupe des affectations journalistiques et des ventes publicitaires.

Parmi les pistes de solutions, le financement de la presse indépendante par l’État revient à maintes reprises. Mais les personnes présentes lors des rencontres de consultation redoutent l’ingérence dans le contenu. Les financements privé et public ont ce risque en commun, mais tous reconnaissent à l’État une responsabilité.