Cet été, à Longue-Pointe-de-Mingan, des produits maraîchers variés et des fruits indigènes sont sortis des serres et de la terre de la coopérative de solidarité agroforestière. Pour le plus grand plaisir des gens du village et de leurs voisins de la Côte-Nord, qui ont savouré autant la qualité des produits que leur fierté de récolte après de gros investissements humains et financiers. Jacques Cartier serait surpris, la «terre de Caïn» s’avère prometteuse.

Aussitôt le financement bouclé grâce à de nombreux partenaires, le Grenier Boréal a semé au printemps, sur 1,2 hectare au nord du village, un grand nombre de variétés de légumes biologiques traditionnels et asiatiques, des fraises et 350 arbustes fruitiers (groseille, gadelle, camerise et amélanchier) à partir de souches indigènes d’Amérique du Nord. «Ces essais très concluants donnent un bon rendement et une très bonne qualité», explique Claude Lussier, directeur général qui a effectué huit ans de recherche sur des espèces adaptées au climat nordique et maritime.

Les deux membres travailleurs, salariés à temps plein de la coop, ont œuvré avec une trentaine de bénévoles qui ont investi 3000 heures depuis le mois d’avril; un membre travailleur à forfait a récolté en forêt les champignons, petits fruits et plantes médicinales. Les membres de soutien ont rapidement embarqué dans l’aventure du Grenier Boréal et leur nombre s’élève à 72.

Fidèles aux principes de la permaculture, les agriculteurs ont dû cependant enrichir la terre avec de la chaux et du compost. Cultiver au nord du 50e parallèle est un défi, «qui prend de la patience et une dose de folie, poursuit M. Lussier, mais s’il y a des inconvénients, il y a beaucoup d’avantages: pas d’OGM ni certains insectes et maladies qu’on trouve plus au sud».

Le Grenier Boréal a semé au printemps, sur 1,2 hectare au nord du village, un grand nombre de variétés de légumes biologiques traditionnels et asiatiques, des fraises et 350 arbustes fruitiers.
Photo: Yan Troutet – Coop Le Grenier Boréal

Vente et rentabilité

Les produits ont été vendus directement sur le terrain à des petites périodes d’ouverture, et à un point de vente du village en fin d’été. Un véritable changement pour les habitants locaux et ceux des villages de la Minganie, car quand on vit à deux heures de route de Sept-Îles et à plus de mille kilomètres des grands centres urbains, les denrées agricoles arrivent souvent défraîchies et leur prix est décourageant.

Les acheteurs sont venus de toute la Minganie, qui s’étend sur 400 km, des villages de Sheldrake à Natashquan. Pour 2014, la coop prévoit créer un petit kiosque sur remorque pour desservir ces villages chaque semaine et distribuer ses produits à l’épicerie de la coopérative de solidarité de Baie-Johan-Beetz.

Pour assurer sa rentabilité, la coop projette transformer ses produits avec des partenaires locaux. À quelques battements d’ailes, la Corporation de l’île aux Perroquets rénove actuellement le phare et la maison du gardien pour en faire un gîte offrant une cuisine gastronomique: les produits du Grenier Boréal seront au menu du chef.

www.grenierboreal.org