Rimouski — Connaissez-vous Le Bercail, cet endroit où vous pouvez siroter un café, un thé glacé maison ou une bière de microbrasserie, grignoter un chips pita ou un croque-monsieur tout en vibrant sur la musique de jeunes (et moins jeunes) talents régionaux? Avant même l’ouverture du Bercail en novembre 2012, la coopérative de solidarité comptait déjà 114 membres de soutien. Trois ans plus tard, le café-bistro, qui s’est dernièrement vu décerner le prix de la coopérative en démarrage de l’année par la Coopérative de développement régional Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, en compte plus de 250 et le nombre continue d’augmenter chaque mois.

Le café-bistro Le Bercail s’est donné la mission de mettre la région en valeur. Environ 56 % des aliments du menu sont des produits locaux provenant d’un rayon de moins de 30 km de Rimouski, expose fièrement le dernier rapport annuel. La coopérative cherche aussi à offrir une visibilité aux artistes régionaux. Elle accueille musiciens et conteurs et expose, de temps à autre, des œuvres d’art. Comme le souligne Mira Paquette-Perreault, l’une des cinq membres fondatrices, Le Bercail est unique à Rimouski, car il est le seul à offrir une «diversité d’offres dans un même endroit: il est à la fois un café, un restaurant et un bar où il y a des évènements culturels.»

Le Bercail, depuis ses débuts, répond à une demande de la population. Julien Boucher, un autre des membres fondateurs, insiste sur ce point: «Ce n’est pas pour rien qu’on a commencé avec plus d’une centaine de membres de soutien en quelques mois alors qu’il n’y avait même pas de bail de signé. On voulait faire un endroit au rythme différent, parce que nous [les cinq membres fondateurs], on ne sortait pas. Il y avait très peu d’endroits auxquels on s’identifiait et on savait qu’on n’était pas les seuls. Il y avait de la place pour un endroit comme ça à Rimouski. Il y avait une niche qui n’était pas encore exploitée et nous, on a décidé de le faire.»

Pourquoi une coopérative ?

Au départ, les cinq membres fondateurs ont choisi la formule coopérative parce qu’elle correspondait davantage à leurs valeurs par son principe d’équité et de démocratie dans la prise de décision. Par ailleurs, comme le rappelle Mme Paquette-Perreault, la formule coopérative permet «d’assurer la pérennité de l’entreprise». En mai dernier, alors que deux des cinq membres fondateurs avaient quitté le Bercail pour poursuivre d’autres projets, le poste de membre travailleur a été offert aux employés. Laurence Pilotte, Anne-Marie Duquette et Marie-Ève Bédard-Bleau ont toutes les trois accepté le poste, malgré leur statut d’étudiantes. «C’est un projet qui nous tient à cœur et auquel on a envie de contribuer», souligne Mme Pilotte. «Un endroit comme Le Bercail motive les employés à donner plus qu’à un simple emploi parce qu’il contribue à une économie différente, une économie sociale, et c’est éthiquement satisfaisant», renchérit Mme Bédard-Bleau. À la question «comment arrivent-elles à concilier travail et études?», Anne-Marie Duquette précise en quoi la formule coopérative constitue un avantage: «Ça rend les choses accessibles. On se divise la responsabilité d’un propriétaire à cinq.»

Une coopérative de solidarité

La coopérative de solidarité implique l’intégration de plusieurs catégories de membres. Le Bercail en intègre deux: les membres travailleurs et les membres de soutien. Le coût d’une part sociale pour un individu est de 20$. Cette contribution assure aux membres de soutien une place dans la structure décisionnelle de la coopérative en leur accordant un vote lors des assemblées générales. Un poste au conseil d’administration est également réservé à un membre de soutien à titre de représentante. Marie-Ève Bédard-Bleau ajoute qu’il est possible de s’impliquer davantage et que Le Bercail «encourage ses membres à prendre des initiatives». Un bel exemple est celui d’Évelyne Côté Grenier qui a mis sur pied les «sorties producteurs». Depuis septembre, elle organise pour les membres une visite par mois chez un fournisseur vedette de la coopérative. Jusqu’à maintenant, des visites à la Ferme Fournier, qui fait l’élevage de bœufs à Saint-Fabien, et au Château Blanc, producteur de miel situé à Rimouski, ont eu lieu.

Le Bercail, Coop de solidarité, comme le rappelle Mme Duquette, est «un endroit créé par la communauté, pour la communauté». Un endroit où, comme le prouvent ses quelque 250 membres, on se sent chez soi.