Ses 60 ans d’histoire et plus de 1000 membres font de la Coopérative Nutrinor la troisième plus grosse coopérative non financière au Québec et la dixième plus grosse au Canada. Le journal Ensemble a réalisé une entrevue avec Yves Girard, directeur général de Nutrinor, pour dresser le portrait de cette coopérative qui fait partie des plus gros employeurs au   Saguenay–Lac-Saint-Jean aux côtés d’Alcan et de Produits forestiers Résolu.

Guillaume Roy, journal Ensemble : Quelle est l’importance de Nutrinor dans la région? 

Yves Girard, Nutrinor : Avec un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars, des actifs de 80 millions de dollars et ses 400 employés, Nutrinor fait partie des plus gros employeurs de la région. Nous jouons donc un rôle économique très important. De plus, il est très rare qu’une si grosse entreprise soit à propriété régionale et nous en sommes très fiers.

G.R. : Quels sont les principaux secteurs d’activités de la coopérative?

Y.G. : Notre plus gros secteur d’activité demeure le secteur laitier, car nous transformons 25 millions de litres de lait par an. Nous détenons également 40% des actions de la Boucherie charcuterie Perron à St-Prime.

Dans le secteur énergétique, nous détenons un réseau de stations-services qui opèrent sous la bannière Sonic ainsi que l’entreprise Propane MM qui distribue dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord et dans la région de Québec.

La coopérative est aussi propriétaire de trois quincailleries Coop Nutrinor. Elle offre également des services aux producteurs pour la production animale et végétale, et des services en agronomie. Finalement la Coop commercialise l’eau de source Nutrinor puisée à Hébertville.

G.R. : Pourquoi une coopérative souhaite-t-elle investir dans une compagnie comme la Boucherie charcuterie Perron?

Y.G. : Nos membres produisent 26000 porcs par an et nous cherchons constamment à faire une intégration verticale de la chaîne de valeur. Dans ce cas-ci, nous cherchions à nous impliquer dans la transformation et la vente au détail.

G.R. : Quelle place occupe le développement durable au sein de la coopérative?

Y.G. : Nous tentons de faire notre développement dans une optique de développement durable. Nous avons implanté une démarche en ce sens en 2011. Par exemple, nous avons amélioré notre réseau de transport pour être en mesure de recevoir plus de marchandises par train. De ce fait, nous avons évité l’émission de 221 tonnes de gaz à effet de serre qu’auraient émis les camions. Nous avons aussi réalisé un programme d’écoefficacité à notre laiterie grâce des investissements de 600000$. Nous savons que c’est important pour la région et pour les générations futures.

G.R. : Quelle est l’importance de la coopération dans votre modèle d’affaires? 

Y.G. : Nous voulons que l’on nous identifie comme un pilier de développement important pour le futur. Avec la perte de confiance à la bourse, la coopération a pris une connotation positive alors qu’elle était vue comme une entreprise pour les démunis dans le passé. Avec Nutrinor, nous prouvons qu’une coopérative peut être une entreprise économique forte tout en gardant en tête le développement social. L’humain est au centre de nos préoccupations.

G.R. : Quelles sont les parts de marchés de Nutrinor au Saguenay–Lac-Saint-Jean?

Y.G. : Dans le lait, nous détenons 70% des parts de marché. Dans le propane, nous atteignons plus de 50%. Du côté du pétrole, c’est beaucoup plus difficile à évaluer, mais disons que nous sommes le plus gros détaillant indépendant.

G.R. : Est-ce que la région a la capacité de s’autosuffire d’un point de vue agroalimentaire?

Y.G. : Dans le système économique dans lequel on vit, il serait utopique de penser que l’on va remplacer toutes les autres compagnies. Nous devons être réalistes et prendre notre place dans le marché existant. Nous mettons donc en marché des produits valorisant la chaîne de valeur régionale.

G.R. : Est-ce que Nutrinor souhaite prendre de l’expansion à l’extérieur de la région?

Y.G. : Pour croître, nous devrons sortir de la région, car la population de la région ne croît pas. Nous faisons déjà la distribution de lait avec plusieurs laitiers de la région de Montréal et d’autres produits apparaîtront sur les tablettes.

G.R. : À quels produits faites-vous référence?

Y.G. : À court terme, nous lancerons un lait au chocolat en collaboration avec Laura Secord qui devrait être disponible au cours de l’hiver. Nous lançons également un lait sans lactose qui contiendra plus de calcium et de probiotiques, qui sera en marché vers la fin de l’automne. Finalement, nous avons réalisé un projet de coemballage à notre laiterie d’Alma où nous fabriquons maintenant le yogourt effervescent biologique Késhir de Liberté pour l’ensemble du marché canadien.