Elles comptent 800 millions de membres, sont présentes dans plus de 100 pays et emploient plus de 100 millions de personnes, selon l’ONU. De la Norvège à la Nouvelle-Zélande en passant par le Bangladesh et les États-Unis, les coopératives rendent la vie plus facile aux gens en leur fournissant électricité, lait, produits agricoles et autres services. Pour souligner leur apport au monde, l’ONU a déclaré 2012 l’Année internationale des coopératives. En voici quelques exemples originaux et inspirants de coopératives, pas plus loin que chez nous!

En janvier 2009, la Coopérative de développement régional (CDR) Centre-du-Québec/Mauricie est porteuse d’un projet particulier : aider six municipalités dévitalisées de la Mauricie à reprendre leur économie locale en main. Mais pas n’importe comment ! Chaque municipalité visée par le projet a ainsi mis sur pied un comité citoyen de développement local dans le but de mettre en commun les idées et talents et mettre en branle un ou des projets en développement non seulement économique, mais aussi social. Des six comités de développement créés dans le cadre du projet, trois ont misé sur la création d’une coopérative de solidarité, une formule qui semble avoir porté fruit.

Cap sur la nature

Le déclin de Saint-Alexis-des-Monts est arrivé avec le ralentissement de l’exploitation forestière – toutefois conjugué avec la prise de données statistiques dans une période creuse. Mauvais momentum ou pas, la mairesse Madeleine L. Robert était consciente que sa municipalité avait besoin, pour remonter la pente, d’un coup de pouce… collectif. « Au conseil municipal, on travaille sur plusieurs dossiers à la fois, mais on va plus large en incluant la population, explique-t-elle. En allant chercher le plus de personnes possible, on peut avoir de nouvelles idées de nouvelles visions. »

C’est sur la nature qu’ont misé le conseil municipal et les habitants de Saint-Alexis-des-Monts, avec la Coopérative de solidarité Nature Plein Air, en février 2010. « L’objectif était de développer des activités dans le village, explique Louis Allard, responsable de l’Aménagement et de l’urbanisme à la municipalité. Les commerçants voulaient trouver des façons d’occuper les visiteurs qui veulent passer la journée à Saint-Alexis. On a ouvert deux sentiers pédestres et pour la raquette, avec des belvédères et des tables de pique-nique. » L’ouverture officielle des sentiers aura lieu au printemps 2012.

La coopérative, un modèle gagnant

À l’instar de Saint-Alexis, la Coopérative de Solidarité de Lac-Édouard, en Haute-Mauricie, a aussi choisi de mettre en valeur ses paysages et son lac de 26 km de longueur par le biais d’un Parc écotouristique et un Magasin général. Selon le maire de la municipalité de 167 habitants, Larry Bernier, la coopérative était le seul véhicule de redynamisation possible. « Quand on veut développer et qu’on n’a pas d’argent, on ne peut pas le faire seul. On est une communauté fragile à cause de notre petite taille, donc ce n’est pas possible d’emprunter un million de dollars pour une bâtisse. Et si on n’a pas de capital financier, qu’est-ce qu’il reste ? Le capital humain. »

Avec l’aide des citoyens, qui ont massivement adhéré à la coopérative, M. Bernier a réussi son pari: le parc a attiré plus de 200 campeurs pour sa première saison, à l’été 2011. Un succès impossible autrement que par le modèle coopératif, selon lui. « Une entreprise privée, son but, c’est de faire du profit, affirme-t-il. C’est normal, sinon elle fait faillite. La coopérative, son but premier, c’est de servir la population et le développement durable. »

« Les gens savent que la coopérative leur appartient, contrairement à une entreprise privée ou un projet de promoteur, complète Yvon L’Heureux, président de la coopérative. Ça aide à créer une appartenance. »

À Notre-Dame-de-Montauban, la création de la Coop de Solidarité multi­services Montauban relève d’autres raisons. Également dévitalisée, la municipalité faisait face à la fermeture imminente de son épicerie.

Pour Jean-Guy Lavoie, maire de Notre-Dame, la coopérative était l’alternative idéale pour garantir des services à sa population sans dépendre du privé. « On a tout centralisé pour créer une dizaine d’emplois, explique-t-il. Maintenant, on a une quincaillerie, une épicerie, une bibliothèque municipale et un poste d’essence, en plus d’un guichet automatique. »

Mission accomplie ?

Pour les deux maires, l’expérience est plus que concluante. Ils regrettent toutefois que le projet prenne fin alors qu’il reste encore beaucoup à faire. Mais Annie Roy, directrice de la CDR, est convaincue que le plus gros est accompli. « Trois ans, c’est court. Pour bien se développer, ça prend sept à dix ans. Ça va dépendre des gens sur le comité. Mais chaque municipalité qui a fait un projet veut en faire un deuxième. »

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Cet article de La Gazette de la Mauricie est co-publié ici avec l’aimable autorisation de son auteur.