Jeudi dernier, le 15 mars, se tenait à Montréal le lancement d’une campagne de communications hors du commun. Ce n’est pas un produit ou un organisme qui annonçait son angle d’attaque pour conquérir le public montréalais, mais bien un réseau d’entreprises de tout horizon, œuvrant dans des secteurs très diversifiés, unies par des valeurs et une même structure juridique. Dans le cadre de l’Année internationale des coopératives, les coopératives de Montréal ont lancé la campagne «Je coop» pour sensibiliser le grand public à la coopération.

L’événement a fait salle comble à la Salle Astral de la Maison du Festival, et a donné lieu à la présentation publique de plusieurs coopératives érigées en exemples.

Habitation

À l’ombre du silo numéro 5 du vieux port de Montréal, une étonnante coopérative d’habitation fleurit discrètement. «Nous gérons collectivement notre lieu par le biais de comités et d’un conseil d’administration qui est élu par ses membres, a expliqué Marie Marais, vice-présidente du conseil d’administration de la Coopérative d’habitation Le Cercle Carré. Nous sommes locataires, mais nous sommes propriétaires collectivement de nos lieux donc il faut qu’on s’en occupe. On composte, on récupère sur place et on a un projet de faire un jardin collectif avec une agriculture urbaine sur le toit.»

Culture

Tout le monde connaît le Café Campus, institution du Quartier Latin. Mais peu de gens en connaissent le cœur coopératif. Emmanuelle Collins, coordonnatrice, a donné la mesure de son intransigeance quant aux principes de la coopération. «On est une coopérative qui se dit encore autogérée. C’est toujours l’assemblée générale qui a le pouvoir ultime de la décision et elle est régulièrement et fréquemment consultée. Tous les membres participent de façon régulière à des consultations, à des réunions où tout le monde a son mot à dire. Il y a des conseils d’administration qui sont ouverts à tous alors la vie participative, la gestion participative est très forte à l’intérieur de l’équipe des membres de la coop.»

Éducation

Coopsco est une bannière regroupant 60 coopératives québécoises en milieu scolaire. «Le cœur de Coopsco, c’est ses membres, a lancé Jean-Emmanuel Bouchard, étudiant et président de Coopsco. Nos conseils d’administration sont des écoles pour faire vivre des expériences de gestion d’entreprise coopérative et faire reconnaître le mouvement coopératif aux étudiants. Nous formons la prochaine génération de coopérateurs.»

Les services financiers

Les grands centres d’affaires et les sièges sociaux de plusieurs grandes coopératives se retrouvent à Montréal. La Fédération des caisses Desjardins y compte, en incluant les caisses de groupes, 67 caisses, qui gèrent ensemble un actif de 21,8 milliards $ et 41,6 milliards $ de volume d’affaires. Elle compte, sur l’île de Montréal, 856 846 membres. Les caisses populaires Desjardins versent 7,5 millions $ en commandites, dons et bourses, ainsi que près de 50 millions $ en ristournes chaque année dans la métropole.

«Toutes les coopératives et les mutuelles ont débuté par l’engagement de certaines personnes, qui en ont amenées d’autres à s’engager, à prendre des initiatives, a souligné Monique F. Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, et depuis quelques jours présidente du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité. C’est une entreprise qui s’appuie sur l’engagement des personnes. Et ça ne s’arrête pas là: c’est aussi toute la force et le pouvoir de l’association. Quand on met ensemble l’engagement personnel et le pouvoir de l’association, on est capable de réaliser de grandes choses.»

Un des porte-parole de l’événement, le comédien Jacques L’Heureux, président de la Caisse de la Culture et mieux connu par les jeunes générations dans son rôle de Passe-Montagne, a résumé en quelques mots, ce qui lui fait dire, lui aussi, «Je coop»: «On a vu les banques, ces dernières années, se planter royalement à travers toute la planète, et on a vu le Mouvement Desjardins se faire envoyer des lauriers, comme une des institutions financières les plus solides aux monde. Nos membres, qui sont des artistes pigistes, donc des entrepreneurs indépendants, des travailleurs autonomes, ne trouvaient pas de place dans les banques. La création de notre caisse a permis à énormément d’artistes d’accéder à la propriété et d’avoir des services financiers sans se faire demander « on veut que ton père signe pour nous ».»