La rareté du pétrole conventionnel pousse le prix du baril à la hausse. L’exploitation de gisements non conventionnels, nordiques, marins, bitumineux et de schiste devient rentable pour les pétrolières. Dans les zones concernées, les citoyens mobilisés remettent en question la nécessité d’exploiter à tout prix, surtout en raison des impacts environnementaux. Pendant ce temps, les coopératives développent des alternatives en énergies renouvelables. Voici la version abrégée d’un article publié dans le dossier La course aux carburants de notre édition papier.

Dès le printemps 2012, le premier forage d’exploration pourrait être effectué près des îles de la Madeleine sur le gisement d’hydrocarbures baptisé Old Harry. Convoité par les deux provinces du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador, ce projet soulève des inquiétudes et des protestations parmi les riverains de cette petite mer semi-fermée. S’il est placé sous le coup d’un moratoire au Québec, du côté terre-neuvien les étapes se franchissent plus rapidement. L’année 2012 sera déterminante pour l’implantation de cette nouvelle industrie.

Old Harry se situe à 80 km au nord-est des îles de la Madeleine et à une centaine à l’ouest de l’île de Terre-Neuve. Estimé contenir deux milliards de barils d’hydrocarbures, il pourrait être exploité pendant 20 ans. Ce gisement d’une surface de 360 km2 intéresse autant Terre-Neuve-et-Labrador que Québec, se situant sur la frontière maritime entre les deux provinces.

Du côté terre-neuvien, le premier forage exploratoire pourrait débuter dès le printemps 2012, à 6 km de la frontière québécoise, à partir d’une plateforme semi-submersible ancrée ou d’un navire de forage de la compagnie Corridor Resources. Le ministre fédéral de l’Environnement Peter Kent a mis en place une enquête publique pour évaluer la pertinence de ce projet, sous la pression exercée par les populations côtières très préoccupées par les risques d’un déversement, dans un contexte encore très récent de marée noire dans le golfe du Mexique. Il a annoncé aussi la mise à jour de l’Évaluation environnementale stratégique (EES) de 2007 effectuée sur le territoire terre-neuvien.

Dans la portion québécoise, le golfe est placé sous un moratoire pour toute activité pétrolière depuis décembre 1997 jusqu’en décembre 2012. Si le gouvernement du Québec affirme être favorable à la mise en valeur des hydrocarbures dans le golfe, il dit vouloir agir avec précaution. D’ailleurs, il a transformé le moratoire dans la partie fluviale du Saint-Laurent et dans l’estuaire maritime en une interdiction de forages à l’automne 2010, reconnaissant ce milieu « complexe et fragile ». Mais en mars 2011, Québec a signé une entente avec Ottawa pour obtenir 100 % des redevances de sa portion du gisement Old Harry.