Alors que débute l’Année internationale des coopératives décrétée par l’Organisation des Nations Unies, l’Assemblée Nationale a profité de l’occasion pour adopter une motion reconnaissant l’importance du modèle coopératif dans le développement de la société québécoise. Selon Hélène Simard, présidente-directrice générale du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, le mouvement coopératif a un bel avenir devant lui, entre autres grâce à des représentants de la génération montante qui voient dans le concept d’entreprise collective une façon de créer des liens avec leur entourage ainsi qu’un véritable sens de la communauté.

Le 21 février dernier, l’Assemblée nationale a adopté la motion qui affirme son soutien au mouvement coopératif en reconnaissant l’importance de ce modèle pour le développement de la société québécoise. En effet, selon le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), les quelques 3 300 coopératives du Québec créent environ 92 000 emplois et représentent un chiffre d’affaire annuel avoisinant les 22 milliards de dollars.

C’est pour saluer cette contribution que Sam Hamad, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation a signé une déclaration, appuyée également par une trentaine de leaders du monde coopératif québécois, qui recommande entre autres au gouvernement de mettre en place «des conditions favorables au développement des coopératives et des mutuelles». Selon le ministre Hamad, 15% des mesures contenues dans la Stratégie québécoise de l’entrepreneuriat dévoilée l’automne dernier concernent les coopératives.

Un nouveau paradigme

Présidente-directrice général du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, Mme Hélène Simard ne doute pas que le mouvement des coopératives et des mutuelles ait de belles années devant lui. Elle avance que de nouveau types de coopératives pourraient voir le jour dans les prochaines années, occupant de nouveaux marchés ou, plutôt, répondant à de nouveaux besoins.

Hélène Simard rappelle en effet que la raison d’être d’une coopérative est avant tout de répondre à un besoin de la population. Or, fait-elle remarquer, les besoins des gens évoluent et donc les coopératives aussi. «C’est une transformation, une adaptation continuelle», dit-elle.

Monique Leroux, présidente et chef de la direction du Mouvement des caisses Desjardins, a assisté au lancement de l’Année internationale des coopératives, en octobre dernier au siège de l’Organisation des Nations Unies à New York. Elle a pu constater la diversité du mouvement coopératif et toutes les possibilités qui s’offrent à ces entreprises. Appuyant les dires d’Hélène Simard, Mme Leroux affirme que «la force du mouvement coopératif et mutualiste va toujours être cette capacité d’évoluer avec les besoins de la société et de répondre à ses besoins».

Non seulement la présidente du CQCM croit-elle que les coopératives déjà existantes pourront étendre leurs activités à d’autres domaines qui ne sont pas actuellement représentés mais aussi trouver de nouveaux adhérents grâce à une «nouvelle génération de jeunes qui ont le goût d’entreprendre autrement». Ces derniers, selon elle, «observent le monde autour d’eux, ils ont de nouvelles idées et trouvent dans [le mode coopératif] la formule entrepreneuriale adéquate à leurs valeurs». Elle voit donc un «changement de paradigme à l’intérieur du mouvement» qui accueille de plus en plus dans ses rangs des citoyens qui amènent une nouvelle vision. Chez ces jeunes adeptes, ce serait «à travers des réseaux, à travers de l’échange, à travers la communauté d’intérêt que s’exprime le goût de la coopération».

Hélène Simard voit donc de plus en plus cohabiter deux piliers de la coopération: «une coopération d’échange, de réseautage, peut-être de mentorat et une coopération de légitimité démocratique qui peut gérer et pérenniser des entreprises sur le long terme». «Je pense que les deux stades de développement sont nécessaires», ajoute-t-elle.

La mise en place de conditions favorables

La CQCM accueille positivement la déclaration signée par le ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Hélène Simard espère que des moyens concrets seront avancés pour favoriser l’émergence de nouvelles coopératives, «qu’on ne se retrouve pas, quand on choisi la formule coopérative, avec une prise de plus que les autres; au contraire, que ce soit considéré comme un modèle gagnant».

Pour encourager davantage d’entreprises naissantes à choisir cette voie et puisque les coopératives rencontrent fréquemment des problèmes de capitalisation, elle propose entre autres «un régime qui favorise les gens qui veulent investir dans leur coopérative de base avec des avantages fiscaux comme on en donne lorsqu’on investit dans un fond».

Aussi, mentionnant par exemple le secteur des énergies renouvelables, elle suggère la création de «fonds d’amorçage» pour permettre l’émergence de «nouveaux segments avec du risque».