Depuis janvier 2009, des citoyens se sont mobilisés et rassemblés en comités locaux pour identifier leurs besoins et stratégies de développement. En trois ans, ils ont créé des coopératives de solidarité, des organismes à but non lucratif et des emplois. Ce projet unique au Québec vise à revitaliser des municipalités rurales de la Mauricie par la mobilisation citoyenne et l’entrepreneuriat collectif. Porté et mis en œuvre par la Coopérative de développement régional (CDR) Centre-du-Québec/Mauricie, il n’est qu’un début pour des projets qui se poursuivent, bien ancrés dans le milieu. Au cœur des défis : les services de proximité, l’offre touristique, récréative, en habitation et culture. Et ils sont là pour durer.

Ces sept municipalités, qui comptent de 167 à 3 115 habitants, se répartissent sur l’ensemble du grand territoire de la Mauricie?: Saint-Alexis-des-Monts, Sainte-Angèle-de-Prémont et Saint-Édouard-de-Maskinongé dans la MRC de Maskinongé; Notre-Dame-de-Montauban, Trois-Rives et Sainte-Thècle dans la MRC de Mékinac; Lac-Édouard dans l’agglomération de La Tuque. Leurs cadres de vie, leur accessibilité, leurs potentiels de changement et d’intervention ont été identifiés comme autant de forces pour entreprendre des projets collectifs et relever les défis.

«L’entrepreneuriat collectif présente des avantages en l’absence d’investisseurs», explique Stéphanie Milot, la conseillère en développement coopératif recrutée à temps plein pour le projet à la CDR. «Les citoyens se sont rassemblés pour partager leurs compétences socioprofessionnelles et de leadership, leurs motivations, afin de s’engager dans un projet viable et durable, qui répond aux besoins des communautés et qui offre des emplois. L’entrepreneuriat privé vise d’abord la rentabilité économique, et tout le monde n’est pas prêt à se lancer dans une création d’entreprise nécessitant de forts investissements au départ». Deux ateliers de transfert et de partage d’expériences ont réuni les comités locaux en 2010 et 2011. Les premières réussites de projets et l’adhésion collective ont fortement maintenu le niveau de motivation pendant le processus.

Le projet arrive quasiment au terme de sa mise en œuvre, «puisqu’il bénéficie d’une extension de trois mois, jusqu’au 31 mars 2012, due à la gestion adéquate des fonds», explique Annie Roy, la directrice générale de la CDR qui accompagne les acteurs mobilisés par le projet. «C’est le temps aussi pour que le volet “recherche” produise un rapport final détaillé, dressé par la coopérative de travail Niska», un partenaire indépendant de chercheurs et d’intervenants dans le domaine du développement durable des collectivités et des organisations.

Animer le territoire

Sans anticiper sur cette évaluation du projet et son bilan statistique, des résultats concrets et tangibles peuvent être perçus. Parmi eux, citons la Coopérative de solidarité multiservices construite à Notre-Dame-de-Montauban, qui fonctionne depuis janvier 2012 grâce à plus de 400 membres. À Saint-Alexis-des-Monts, la coopérative de solidarité Nature d’Alexis a développé des activités récréotouristiques accessibles à partir du village, et Les Artisans de Saint-Alexis, au nombre de 25, se sont regroupés pour diffuser leurs œuvres lors d’une exposition et d’un écomarché pendant l’été 2011.

Des comités de développement local se sont formés à Saint-Édouard pour offrir des services de proximité à la communauté. À Lac-Édouard, un parc écotouristique avec du prêt à camper et un camping rustique a été aménagé par la coopérative de solidarité en développement local qui travaille aussi sur le projet d’un centre de revalorisation (halte d’accueil des visiteurs, magasin général, accès Internet). À Sainte-Thècle, une coopérative de solidarité en habitation s’est légalement constituée pour la mise en place d’une structure d’habitations afin de maintenir la population des aînés.

Pour aller plus loin

En termes de mobilisation, Annie Roy souligne que «le projet a permis de créer un engouement chez la population à vouloir faire du développement et de croire à la mise en place de petits projets qui peuvent devenir plus gros qu’on ne le pensait à l’origine».

Ce projet-pilote de revitalisation résulte d’un partenariat avec Emploi-Québec, le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT), le ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation (MDEIE) et la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Mauricie.

Le volet recherche a été appuyé par le Mouvement Desjardins et l’Alliance de recherche universités/communautés – Développement territorial et coopération (ARUC-DTC). Il a pour objectif de comprendre les dynamiques associatives nécessaires à l’émergence et au développement des coopératives en milieu dévitalisé, et dégager des modèles transférables de développement rural et de développement coopératif.