Selon un expert de l’Université du Québec à Chicoutimi, les coopératives constituent un maillon essentiel dans l’adoption de pratiques durables de développement. En favorisant une large participation dans les processus décisionnels, le coopératisme serait déjà bien adapté aux défis économiques et écologiques de demain.

Olivier Riffon est chargé de projet au sein de la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi. Spécialisé dans l’application des principes de développement durable dans les organisations, M. Riffon intervient aujourd’hui lors du Forum coopératif du Saguenay­­Lac-Saint-Jean, qui se tient à Alma. En compagnie de Pauline d’Amboise, vice-présidente du Soutien à la coopération et secrétaire générale du Mouvement Desjardins, il mènera en après-midi un atelier intitulé Le développement durable et les coopératives: une alliance naturelle, qui vise à établir des parallèles entre les valeurs promues par les coopératives et celles que favorise le développement durable.

«Le concept de développement durable est issu de réflexions internationales» rappelle Olivier Riffon. C’est en effet en 1987, dans les pages du rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement (mieux connu sous le nom de rapport Brundtland, du nom de la présidente de la commission et alors première ministre norvégienne, Gro Harlem Brundtland), qu’apparaît pour la première fois l’expression «développement durable». Le vocable sera consacré lors d’une autre démarche internationale, le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992.

Déjà, alors que le concept en était à ses premiers balbutiements, on sentait l’importance de donner des assises locales au développement durable. L’Agenda 21, adopté à Rio par 173 chefs d’État, «mentionnait l’importance pour les collectivités locales de s’approprier leur développement». M. Riffon ne peut s’empêcher de remarquer qu’alors que les forums internationaux des dernières années (conférence de Copenhague en 2009, conférence de Cancún en 2010, deuxième Sommet de la Terre à Rio en 2012) n’ont pas mené à d’importants chantiers, les petites initiatives locales foisonnent. «À l’échelle de la planète, dit-il, c’est plutôt au niveau local que ça bouge.»

Pour une gouvernance participative

Dans la mesure où l’économie mondiale va de bulle en crise et que «la seule chose qui est constante, c’est que les choses changent», les entreprises coopératives constituent, selon Olivier Riffon, «un maillon essentiel» pour concrétiser le virage écologique. «Les petites entreprises et les coopératives ont un potentiel d’impact plus grand et sont plus résistantes aux surprises économique», soutient le chargé de projet, pour qui les grandes entreprises ne doivent toutefois pas être sous-estimées, en particulier lorsqu’elles ont des dirigeants visionnaires.

Si Olivier Riffon a un parti pris, c’est en faveur d’une «gouvernance participative» au sein de nos organisations. Reconnaissant le rôle indispensable des décideurs dans les entreprises, coopératives, municipalités et autres organisations, il souligne toutefois l’importance d’adopter une «démarche ascendante» dans la prise de décisions. Travailleurs, citoyens, élus, scientifiques et propriétaires d’entreprises, «il y a de la place pour les perceptions de tout le monde» lorsqu’il est question de développement durable.

Parlant d’une démarche «ascendante plutôt que descendante», M. Riffon souhaite voir les suggestions monter les échelons des organisations, des travailleurs aux décideurs et des citoyens aux élus, plutôt que de voir les commandements descendre la pyramide du pouvoir pour être appliqués par ceux qui se trouvent à sa base.

«Les solutions à nos problèmes, on peut les trouver ensemble», dit-il en notant que les initiatives qui sont nées suite à une large concertation sont «plus viables et plus faciles à mettre en œuvre».