À Laforce, au Témiscamingue, la survie et le développement de la communauté passent par la nature.  La Coopérative de solidarité multiressources l’Union de Laforce fête sa première année d’existence en mettant sur pied un projet d’envergure visant à la fois la protection d’une forêt centenaire et le développement du tourisme de villégiature.

En 2007, la crise forestière oblige les habitants de Laforce, une petite municipalité dans l’est du Témiscamingue, à se consulter pour trouver une façon de conserver leur emploi dans la région.  Une avenue intéressante s’offre alors à eux : la récolte et l’exploitation des produits forestiers non ligneux (PFNL).

Après un long inventaire des ressources et une caractérisation détaillée du territoire forestier disponible pour la récolte, la coopérative s’organise peu à peu et recrute ses membres travailleurs et ses membres de soutien. L’objectif : offrir sur le marché des produits du sous-bois jusqu’alors peu disponibles. Les champignons sauvages, frais ou séchés, le thé du labrador et la savoyanne, par exemple, sont des denrées proposées par la Coopérative et vendues directement aux restaurateurs ou aux consommateurs dans des marchés spécialisés (à La Semence et à l’Origine des épices à Rouyn-Noranda, ainsi qu’à la Coop IGA Extra d’Amos, pour n’en nommer que quelques uns).

La coopérative offre également des services d’exploitation et d’aménagement forestier. Elle vend régulièrement du bois à Tembec et à LVL Global, ainsi qu’à la municipalité de Laforce. Depuis peu, l’entreprise a développé un nouveau produit, comme l’explique Richard Grondin, directeur général et membre travailleur de la coopérative : « L’été, tout le monde a des légumes frais, ce qui en fait un marché difficile. Nous, on a pensé les couper et les déshydrater pour les vendre toute l’année. C’est bon pour les gens qui sont pressés et en plus, les légumes gardent entièrement leur saveur. »

Les membres travailleurs, qui sont au nombre de huit pour le moment, sont rémunérés en fonction de leur récolte. La cotisation de départ est de 20 $. Ensuite, 10 $ est retenu par semaine jusqu’à concurrence d’un montant de 300 $. Pour un membre de soutien, la cotisation a été fixée à 20 $.

Laforce en nature, un Centre de villégiature écologique

Face à la forte compétition sur le marché et la gestion difficile des PFNL, les membres de la coopérative se sont penchés sur l’avenir de Laforce afin de proposer de nouvelles avenues de développement. La solution : l’écotourisme de villégiature. « C’est une péninsule que l’on a sur le Lac Simard, entre deux grandes baies, que l’on veut protéger. En même temps, on voudrait en faire profiter aux gens, puisque c’est une forêt exceptionnelle de cèdres et de bouleaux blancs, entre autres,  qui n’a jamais été bûchée. En plus, ça nous permet de créer de l’emploi », explique Richard Grondin. Ce projet d’envergure prévoit, dans une première phase qui devrait être réalisée dès l’été prochain, la mise sur pied d’un pavillon principal et l’aménagement de sentiers écologiques.

Le projet évoluera par la suite avec la construction de gîtes écologiques rustiques qui s’intégreront à la nature de la façon la plus harmonieuse possible et, surtout, en causant un impact minimal sur la nature. Munis de panneaux solaires et de toilettes sèches, ces chalets seront construits d’abord sous forme de panneaux et ensuite transportés et montés sur les sites afin de réduire l’impact environnemental. En tout, entre dix et douze gîtes devraient être bâtis sur le site, sans compter l’aménagement de deux campings rustiques.

Un bel exemple de solidarité

En plus d’offrir de l’hébergement écologique, le projet Laforce en nature sera sans aucun doute un bel exemple de solidarité rurale. En effet, de nombreuses activités seront offertes en fonction de ce que pourra offrir la communauté. Une croisière sur le lac dans un canot rustique, la visite d’une érablière traditionnelle, la visite d’un élevage de wapitis et même des ateliers d’initiation à la culture amérindienne en collaboration avec la communauté algonquine de Long Point sont autant d’activités que la coopérative tente actuellement de mettre sur pied en lien avec les habitants de la municipalité.

Dans la voix du directeur général de la coopérative, on entend clairement son enthousiasme envers ce projet : « On veut développer le plus d’activités possibles en lien avec les gens d’ici. C’est important que les touristes soient actifs, pour qu’ils restent longtemps… et on est ouvert à développer aussi avec les autres paroisses autour. C’est fou, on ne voyait pas ça avant, tout ce qu’on avait, et maintenant, on n’en revient pas des possibilités! »

Dans la foulée de ce nouveau projet, les membres du conseil d’administration ont récemment proposé l’ajout de deux nouvelles catégories de membres : les membres producteurs et les membres utilisateurs qui, moyennant une cotisation plus élevée, pourront bénéficier de rabais sur les services offerts par le Centre de villégiature.