Créer une écosociété alternative, autosuffisante sur le plan alimentaire et énergétique, basée sur des principes de développement durable, de démocratie directe et d’interdépendance de plusieurs secteurs économiques, serait-ce une utopie? Non. C’est un plan d’affaires sur lequel planchent actuellement les fondateurs de la future Coopérative de solidarité L’Inconnu Barbu: Manon Valiquette, Jonathan Labrie et Mathieu Brisson. Et quand on les rencontre, on comprend que ce n’est pas de l’utopie, mais du dynamisme et de la détermination.

Leur idée a d’ailleurs été applaudie lors du dernier concours d’idées d’entreprises organisé par Entrepreneuriat Laval, puisqu’ils y ont reçu le deuxième prix. Basée sur le principe qu’un produit de consommation tel que l’alcool peut devenir un moteur économique, L’Inconnu Barbu est appelée à devenir un ensemble d’écohabitations et de terres agricoles gravitant autour d’une auberge, d’un restaurant et d’une ferme brassicole. «Il y aura des champs de permaculture autour qui vont grandir au fur et à mesure qu’on aura plus de membres et de consommateurs, explique Manon Valiquette. Peu importe ce que la personne consommera dans l’auberge, le but c’est que tout vienne de la terre, les ingrédients de la bière autant que ceux des repas.» La construction elle-même devra respecter les principes de l’écohabitation afin de minimiser l’empreinte écologique et de réduire les besoins énergétiques.

Des paniers de légumes… et de bière

«La coop a pour but d’aller chercher un membership par lequel les gens de la communauté auront accès à un panier de fruits biologiques, mais avec leur consommation en alcool aussi. On ferait des paniers comme les fermiers de famille, mais on veut amener le concept de brasseur de famille», explique Jonathan Labrie. En plus de produire de la bière à partir des ingrédients récoltés sur la ferme, la coopérative servirait donc d’organe de ralliement pour un ensemble de producteurs biologiques locaux. «On veut produire une partie, mais aussi rendre accessible des produits locaux», ajoute Mathieu Brisson. La coopérative fonctionnerait alors grâce à trois catégories de membres, comme le précise M. Labrie: «Les membres de soutien seraient nos partenaires, les membres utilisateurs nos consommateurs et les membres travailleurs les résidents de la terre qui travaillent à améliorer le tout.»

À la recherche d’un lieu

L’équipe est actuellement à la recherche d’un lieu. «Ça peut être autant une chambre qu’une terre de 180 âcres présentement, confie M. Labrie. La vérité, c’est qu’on aimerait pouvoir semer au printemps, mais dans le pire des cas on veut pouvoir quand même fidéliser nos consommateurs.» Le groupe cherche en périphérie de Montréal, soit dans les Laurentides, où le nombre de microbrasseries est important, ou encore en Estrie. Le défi sera de trouver un endroit où l’agriculture biologique sera possible, comme le précise Mathieu Brisson: «Il y a beaucoup de lacunes au niveau des terres. Beaucoup ont été vraiment souillées par l’industrie, les insecticides et les pesticides. On ne veut pas s’implanter aussi à côté d’autres personnes qui étendent leur produit chimique de Monsanto.»

Si les recherches vont bon train, ils espèrent terminer la construction de l’auberge pour la fin de l’année 2014.