On vous présente un contrat, vous voudriez en modifier quelques clauses, mais on vous dit qu’il doit être signé tel quel? Vous prenez votre courage à deux mains pour demander un tarif plus élevé, mais on vous le refuse poliment? Si cela vous arrive, ou si on vous a déjà fait comprendre que les conditions offertes n’étaient pas négociables, sachez que vous n’êtes pas seuls. Nous sommes des centaines de journalistes indépendants au Québec, et des milliers au Canada, à nous buter à des éditeurs inflexibles. Seuls les journalistes « vedettes » n’ont pas à signer les contrats abusifs, tandis que certains journalistes d’expérience arrivent à se négocier des cachets à la hausse.

En 2013, il faut bien se rendre à l’évidence : les tarifs stagnent ou régressent, tandis que les contrats de droits d’auteur sont de plus en plus à l’avantage des éditeurs. Tous les coûts (loyers, frais d’impression, salaires des employés) augmentent, tandis que le contenu fourni par les pigistes coûte de moins en moins cher. Et face aux donneurs d’ouvrage, nous n’avons à peu près aucun pouvoir de négociation.

La solution à cette impasse : la négociation collective. Faisons comme les artistes, qui bénéficient d’une Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma.

Les associations d’artistes négocient collectivement les conditions d’embauche des musiciens, comédiens, techniciens, cameramans, etc. Tous ces artisans travaillent avec des contrats types, sont assurés d’un cachet minimal qu’ils peuvent négocier à la hausse et qui est régulièrement indexé et bénéficient d’une foule d’avantages, comme un fonds de retraite et des vacances payées.

Les journalistes indépendants ont besoin d’une loi semblable, mais propre au journalisme indépendant. C’est ce que l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) demande depuis plus de 20 ans.

Une fois obtenue, une telle loi nous permettrait de convoquer les éditeurs à la table de négociation. S’ils refusent de négocier, ou si la négociation n’aboutit pas, une instance prévue dans la loi s’en mêlera.

Nous pourrons ainsi négocier des tarifs au feuillet décents, qui tiendront compte de la capacité à payer des donneurs d’ouvrage. Il y aurait, par exemple, un tarif au feuillet pour les journaux hebdomadaires à faible tirage, et un autre pour ceux à grand tirage. Nous pourrons aussi faire respecter nos droits d’auteur et notre droit moral.

La profession de journaliste indépendant deviendra du coup plus viable. Nous pourrons en tirer des revenus acceptables et nous y dédier à temps plein. Cela se reflétera dans la qualité de notre travail et dans la qualité de l’information en général au Québec.

Dans tous les cas, il s’agira de conditions minimales, que les meilleurs parmi nous seront libres de négocier à la hausse. Ce ne sera pas la panacée, mais il y aura enfin un rapport de force équitable entre journalistes indépendants et donneurs d’ouvrage.

Le meilleur moyen d’adhérer à ce projet, c’est de faire partie de l’AJIQ. Devenez membre dès maintenant! Le nouveau contrat chez Transcontinental a provoqué l’indignation jusque dans les plus hauts échelons du pouvoir à Québec et l’écoute aux revendications de l’AJIQ n’a jamais été aussi grande.

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