On cherche sans cesse des solutions pour ramener la paix en Afghanistan – militaires, économiques, politiques. Et si tout cela commençait par des échanges culturels entre peuples qui développent différemment leurs sociétés? Pour une ONG italienne, la paix en Afghanistan commence sur les pentes de ses majestueuses montagnes. Développer le tourisme de montagne d’un peuple montagnard, c’est l’étonnant défi que s’est donnée Alpistan.

L’histoire d’Alpistan commence en 2011, alors que l’alpiniste italien Ferdinando Rollando décide de se rendre à Bamiyan, région montagneuse du centre de l’Afghanistan où se dressaient autrefois les Bouddhas géants détruits par les Talibans en mars 2001. Appuyé financièrement par la fondation Aga Khan, il arrive dans la région à cette même période. il y installe d’abord un club touristique privé qui attire aussitôt une cinquantaine de clients, principalement venus de Kaboul, capitale du pays. «Je voulais contribuer au renouveau économique de l’Afghanistan en y apportant ma propre expertise alpine. L’Afghanistan est, après tout, un pays très montagneux et il y a là un potentiel pour aider la population à se relever de toutes ces années de guerre», dit-il.

Ski afghan

Justement, les populations civiles de ces régions montagneuses ne bénéficient-t-elles pas d’une histoire millénaire leur permettant de bien vivre en montagne, aussi bien que les populations des Alpes? «Une des valeurs au cœur du projet Alpistan demeure de favoriser les échanges culturels. Oui, ces gens vivent depuis longtemps dans les montagnes, mais nous avons développé des façons différentes et cet échange permet de construire des ponts entre les cultures. Nous y introduisons notamment la pratique du ski et nous avons jusqu’à maintenant formé une cinquantaine de clients, dont une dizaine de femmes, et déjà deux jeunes guides locaux commencent à assurer eux-mêmes la formation», précise M. Rollando.

Car si l’un des objectifs d’Alpistan est d’aider à redémarrer une économie criblée par des décennies de guerre, sa mission ne s’y arrête pas. «Nous formons également les autorités locales au sauvetage de victimes d’avalanches, quelque chose que les alpins connaissent fort bien et qui faisait un peu défaut ici. Nous apportons des techniques modernes et le tout s’inscrit dans notre volonté de favoriser des échanges culturels», dit-il. Ils favorisent également la formation de locaux plutôt que l’«importation» de guides venus d’ailleurs afin de créer des emplois dans la population locale.

Et Bamiyan n’est qu’un début. Le succès de leurs premières opérations a permis à Alpistan d’obtenir de l’aide financière de l’agence américaine USAID afin de répéter l’expérience dans la province de Badakshan, au nord-ouest de l’Afghanistan, où Ferdinando Rollando et son équipe continueront à former les autorités locales au sauvetage alpin.

Aider l’Afghanistan, une montagne à la fois.