Montez à bord du Contrecoeur Express, le dernier-né des médias hyperlocaux québécois. Mis sur les rails au courant de l’été dernier, il a eu un impact immédiat sur la communauté qu’il dessert: les habitants du nouveau Faubourg Contrecoeur et par extension, le quartier Mercier-Est, dans l’est de Montréal.

«Après quelques jours seulement en ligne, le milieu communautaire a poussé un grand soupir de soulagement. Il y avait beaucoup de frustration accumulée envers les hebdos locaux», rapporte le fondateur Stéphane Desjardins.

Contrecoeur Express s’inscrit dans un renouveau de l’information journalistique initié par des journalistes indépendants, plusieurs faisant partie de l’AJIQ. On n’a qu’à penser à RueMasson.com, Journaldesvoisins.com, Quartierhochelaga.com, Journalensemble.coop et Nouveau Projet, pour n’en nommer que quelques uns. Il y a quelques jours, Mariève Paradis et Sarah Poulin-Chartrand ont annoncé le lancement prochain de Planète F, un magazine dédié aux enjeux touchant les jeunes familles.

Avant de démarrer, Stéphane Desjardins s’est entretenu avec les fondateurs d’au moins cinq médias hyperlocaux au Québec. «Je me suis rendu compte que même si le phénomène est très jeune, il y a un avenir pour ces médias. Je pense sincèrement qu’ils vont signer l’arrêt de mort des hebdos locaux.»

Journaliste pigiste et ancien patron de salle de nouvelles, Stéphane Desjardins est convaincu que Contrecoeur Express peut devenir rentable. Ce serait déjà le cas chez d’autres médias hyperlocaux québécois.

La principale source de revenu sera un répertoire des produits et services offerts dans le quartier. Si des commerçants sont prêts à payer pour figurer dans les Pages Jaunes imprimées, ils sont sans doute disposés à payer pour s’adresser à un public jeune, éduqué et professionnel qui refuse les bottins, les circulaires et les journaux remplis à 85% de publicité.

Notre journaliste entrepreneur consacre maintenant la moitié de son temps à Contrecoeur Express. «C’est vraiment trippant comme projet, dit-il. Par contre, je me sens un peu seul, malgré l’aide de ma blonde. Il est temps qu’il y ait d’autres signatures que la mienne et que je puisse aller chercher d’autres clients annonceurs.» L’été dernier, des bénévoles ont distribué des tracts pour inviter les résidents du Faubourg à s’abonner à l’infolettre.

L’idée de fonder un média hyperlocal est venue en jasant avec les voisins, peu de temps après avoir déménagé d’un loft du Vieux-Montréal vers une résidence neuve du Faubourg Contrecoeur. Tout le monde se posait les mêmes questions au sujet des services offerts et du développement du quartier, raconte Stéphane Desjardins. Il y avait un urgent besoin de faire le pont entre les nouveaux résidents et la communauté existante de Mercier-Est.

Contrecoeur Express offre une couverture journalistique traditionnelle, avec un biais en faveur du développement économique et social du quartier. Il fait activement la promotion d’une pétition contre le blocage administratif qui freine le développement d’une zone commerciale. Il est aussi aux premières lignes d’un combat pour l’implantation d’un cinéma communautaire.

Fin octobre, Contrecoeur Express a réalisé une couverture complète du forum Agir pour mon quartier, qui devait fixer les priorités de développement pour Mercier-Est. «C’était un événement majeur, affirme Stéphane Desjardins. J’ai même embauché un journaliste et réalisé de la vidéo. L’hebdo local y a dépêché un photographe qui est resté 10 minutes!»

Les médias hyperlocaux ne révolutionnent pas la pratique du journalisme, croit Stéphane Desjardins. «On revient à l’essence des journaux du début des années 1900, avant la création des grands conglomérats. Ces journaux étaient dirigés par des entrepreneurs membres de la communauté, qui voulaient que la vérité se sache et que leur milieu s’améliore.»