Leader des Opérations Dignité qui ont empêché la fermeture de plusieurs villages dans l‘est du Québec pendant les années 1970, Gilles Roy a été président d’honneur de la Maison familiale rurale du KRTB, projet dont j’étais chargé du démarrage pendant l’année 2008-2009. C’est avec une immense tristesse que j’ai appris son décès, survenu mercredi à l’hôpital de Rimouski. Laissez-moi vous raconter en quelques mots trop brefs cet homme inspirant qui n’a jamais arrêté de se dévouer pour nos collectivités rurales, jusqu’à la fin.

Nos chemins n’ont fait que se croiser. Son voyage tirait à sa fin et le mien ne faisait que commencer. Si brève a été notre rencontre, trop brève. Gilles Roy est une de ces personnes qui nous marquent pour longtemps, et il nous manquera longtemps. Les quelques pas que nous avons parcouru ensemble m’ont fait découvrir un homme d’une rare détermination, sur la route de la Maison familiale rurale, cette école coopérative pour la persévérance scolaire et la relève rurale, au cœur de son pays du Bas-Saint-Laurent.

L’éducation, l’agriculture et l’occupation des territoires. Trois angles de sa vie de pédagogue, d’agronome et de militant, réunis dans ce projet. Étonnant alliage de fermeté et de diplomatie, d’intransigeance et de pragmatisme, de créativité et de réalisme, sa façon d’aborder le développement, à 80 ans passés, force l’inspiration.

En parcourant avec lui les bureaux des ministères et des partenaires financiers pour vaincre les obstacles qui se dressaient devant la coopérative, je l’imaginais dans ses belles années, flamboyant défenseur des villages que les bureaucrates urbains du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) voulaient fermer. Cette histoire fascinante est à découvrir au Centre de mise en valeur des Opérations Dignité, à Esprit-Saint. Son audace face aux autorités de l’époque lui a valu les plus hautes distinctions. Il se préparait d’ailleurs à recevoir le Grand Prix de la ruralité 2012.

On connaît moins son engagement contre le célibat des prêtres. Lui qui fut forcé de quitter le sacerdoce pour se réaliser pleinement comme père, avec son épouse Jeanne Saint-Louis, avait cet enjeu très à cœur. Son engagement spirituel a alors pris un nouveau sens. À chacune de nos rencontres, avant toute chose, il me donnait des nouvelles de ses petits enfants, le regard pétillant, et s’informait au sujet des miens. Il savait nous ramener à l’essentiel, ce pour quoi tout le reste n’est que moyens.

Merci, Gilles.