L’assemblée générale annuelle est certainement un des moments les plus importants de l’année, où les membres d’une coopérative ont l’occasion d’exercer leurs droits et de faire vivre la démocratie. Le défi est de taille : comment une coopérative comme Mountain Equipment Coop (MEC) peut-elle rejoindre ses 3,3 millions de membres répartis sur un aussi grand territoire que celui du Canada ?

Chaque année, l’assemblée générale de MEC a lieu à Vancouver. Coopérative pancanadienne d’articles de plein air, MEC a 14 points de vente à travers le pays. La coopérative s’est dotée depuis 2007 d’un système de vote informatisé pour permettre à tous ses membres d’avoir la chance de participer au processus décisionnel. Ces derniers peuvent également exprimer leur vote par courrier ou par téléphone. Les membres peuvent donc élire leurs administrateurs et s’exprimer sur différentes questions relatives aux règlements de la coopérative. Même avec cette multiplication de moyens d’expression démocratique, encore peu de gens exercent leur droit de vote.

Selon la plupart des candidats à l’élection de MEC 2011, la cyberdémocratie facilite la communication avec les membres, augmente le nombre de participants aux processus décisionnels, favorise le partage des idées et opinions, augmente la rapidité de la diffusion de l’information à moindre coût et bonifie l’écoute des besoins des membres.

Le candidat Jonathan Gallo affirme « qu’il n’est pas réaliste de penser que nous pouvons avoir une masse critique à toutes les AGA. Si nous souhaitons avoir un nombre significatif de nos membres qui participe à la démocratie, alors nous aurons besoin d’embrasser de nouvelles technologies pour permettre au Conseil d’administration et aux gestionnaires d’écouter l’expression des membres sur différentes questions. »

Selon le candidat Dru Oja Jay, « la participation à distance à l’AGA serait une première étape importante pour permettre à la majorité des membres qui ne peuvent pas se déplacer à Vancouver de participer au processus décisionnel. » M. Jay affirme que MEC souffre d’un important déficit démocratique et que « la coopérative a donc besoin de créer la possibilité pour les membres de communiquer les uns avec les autres. »

Acheter, c’est voter?

« L’engagement des membres ne se limite pas au fait de voter », affirme MEC dans son Rapport aux membres 2009. Selon le candidat Morrie Schneiderman, « les membres de MEC s’expriment tous les jours, par leur décision d’acheter ou de ne pas acheter, par ce qu’ils choisissent d’acheter et de ne pas acheter ou encore, par le fait de parler ou de ne pas parler de leur coopérative aux autres. »

Les membres de MEC ont le devoir, en tant que membres consommateurs, de faire affaire avec la coopérative. Est-ce que l’acte d’acheter est suffisant au statut de membre ? Les membres de MEC sont également propriétaires collectivement de leur coopérative. Ont-ils alors également le devoir de s’impliquer au niveau des organes décisionnels de leur institution ?

La cyberdémocratie peut-elle remplacer la démocratie face à face ?

Selon le candidat Blair Hammond, les technologies sont un excellent complément aux communications face à face. Sans aller jusqu’à faire vivre la démocratie dans un environnement purement virtuel, il croit que les technologies permettent de « bénéficier de l’expertise et de la créativité de personnes qui autrement n’envisageraient pas de participer à la prise de décision. »

M. Gallo soutient pour sa part que « la démocratie en ligne, tout comme la démocratie traditionnelle, ne peut prospérer et être florissante que si les deux parties de l’équation prennent conscience de leurs responsabilités. La technologie ne garantit pas la démocratie, elle ne peut que faciliter la participation des membre qui sont suffisamment responsables. Le Conseil d’administration doit rappeler aux membres que nous devons tous travailler à assurer la survie de la démocratie. »

Les candidats Gail Sullivan, M. Hammond ainsi que M. Gallo soulignent que les technologies peuvent aussi apporter un risque de contrôle de l’information. Selon MM. Hammond et Gallo, une organisation pourrait plus facilement voir sa direction contrôlée par de petits groupes d’intérêts. M. Hammond ajoute que des questions difficiles pourraient être évitées ou encore, qu’une trop grande quantité d’informations pourrait venir submerger les décideurs ou les gestionnaires et diminuer l’efficacité du système décisionnel. Il semble que ces problèmes seraient moins susceptibles d’affecter des situations de démocratie face à face.