Fondée en 1989, la Coopérative des paramédics de l’Outaouais, une coopérative de travailleurs, compte plus de 250 membres (paramédics, répartiteurs médicaux d’urgence et employés de soutien), dont pas loin de 210 professionnels de soins médicaux d’urgence d’ambulance. Elle dessert 4 hôpitaux et couvre 33 000 km2, c’est-à-dire toute la région de l’Outaouais; répond bon an mal an à plus de 34 000 appels et effectue près de 30 000 transports. Son chiffre d’affaires s’élève à plus de 22 millions $! Ce qui en fait la plus grande entreprise du genre au Québec, mais ne l’empêche pas de se tenir au plus près de la population et de s’impliquer à fond et de tout cœur.

«Les paramédics, ce sont des héros, déclare à brûle-pourpoint Alain Gaudreau, président du Conseil d’administration. Quand il y a accident de la route, ce sont eux qui réconfortent les blessés tandis que les pompiers travaillent à les sortir de leur mauvaise position. Ils travaillent souvent sur l’adrénaline durant de longues heures et doivent prendre de graves décisions 7 jours sur 7 et 24 h par jour. Ils aident tout le monde dans des moments très importants.»

«On se fait aussi un devoir de s’engager dans notre communauté», continue-t-il. C’est ainsi qu’en plus de sauver chaque jour des vies, les membres de la coopérative multiplient les services rendus à la population. Entre autres manifestations de solidarité, ils distribuent des roses aux personnes âgées, à la Saint-Valentin; participent au défilé de Noël, à la Grande Guignolée des médias et aux fêtes d’Halloween; contribuent à la fondation Rêves d’enfants et offrent gratuitement à la population des formations en techniques de réanimation cardiorespiratoire. «C’est du jamais vu, cela ne s’était jamais fait, s’enorgueillit Alain Gaudreau. Tranquillement pas vite, raconte-t-il, on s’est impliqués au niveau de la communauté. Ç’a été dur parce que les pompiers prenaient beaucoup de place. Mais maintenant, on est reconnus.»

En 2008, Stéphane Parent, le directeur général de la coopérative, s’est vu offrir le prix de «Dirigeant de l’année, secteur privé». C’était lors du 22e Gala de l’excellence du Regroupement des gens d’affaires et des entreprises d’ici, qui voulait reconnaître par ce prix son «leadership, apport à la communauté, esprit d’innovation, engagement face à l’évolution de son entreprise, de ses services ou champ d’activités.»

À la fine pointe de la techno

Pour la petite histoire, disons que c’est avec un investissement de 5 000 $ par personne que 46 employés achetaient en août 1989 l’entreprise de Claude Larose et fondaient une coopérative de travailleurs: la Coopérative des paramédics de l’Outaouais.

Pourquoi une coopérative? «Chaque membre doit investir 9000 $ pour devenir membre régulier (1 500 $ au départ, puis 3 % du salaire jusqu’à atteindre 7 500 $), mais ils bénéficient de bien des avantages. Les profits sont répartis entre eux. Ça développe chez eux un sentiment d’appartenance et ça les implique. Ce sont eux, par exemple, qui ont décidé d’injecter 5,6 millions $ dans leur nouvelle bâtisse ! Ce sont eux qui, au bout du compte, décident de la vision et de l’orientation de l’entreprise. Et puis, ils font attention à leurs ambulances, puisqu’elles leur appartiennent», explique M. Gaudreau.

Ils se sont donc fait un devoir d’investir dans tout ce qu’il y a de plus sophistiqué comme équipement dans leur domaine. «Ce qui nous permet d’offrir un service professionnel de qualité et nous maintient toujours à l’avant-garde de notre profession», explique Alain Gaudreau.

Ce qui leur a permis d’obtenir, auprès du ministère de la Santé du Québec, «le contrat de gérer, avec nos 33 véhicules ambulanciers, tout le système ambulancier de la vaste région de l’Outaouais, soit Gatineau, la Haute-Gatineau, la Petite-Nation, le Pontiac et la Lièvre», conclut-il.

Profession: héros

«Pour devenir paramédic, il faut se qualifier, ce qui n’est pas si facile, insiste M. Gaudreau. Ce n’est pas comme l’ambulance Saint-Jean, qui dispense, elle, les premiers soins. Les paramédics doivent évaluer et stabiliser l’état du patient avant qu’il reçoive les soins appropriés. La formation est exigeante.»

De fait, le métier des paramédicaux d’ambulance québécois (nos anciens techniciens ambulanciers) a bien changé et s’est beaucoup complexifié depuis 1990, mais surtout depuis 2001. En plus de transporter le bénéficiaire de façon sécuritaire dans un établissement de santé et d’appliquer tous les protocoles de soins primaires, ils administrent dorénavant 5 médicaments (Nitroglycérine et Épinéphrine, par exemple), en plus de poser plusieurs actes médicaux autrefois réservés aux médecins (ventilation, défibrillation, etc.). Ces actes leurs sont délégués par le Collège des médecins et le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Leur formation est dorénavant de niveau professionnel et requiert, pour les Paramédicaux Infirmiers, une Attestation d’études collégiales (AEC) en technique ambulancière de 945 heures ou un Diplôme d’études collégiales (DEC) en soins préhospitaliers d’urgence (3 ans). Il n’y a plus de médecin dans les ambulances, ce qui fait des paramédics notre première chance de survie dans les cas d’urgence.

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Le nom paramédic vient de l’étatsunien: EMT-P emergency medical technician-paramedic. Au Canada et au Québec on les appelle les paramédicaux.