Dix ans après sa formation, l’Échofête s’est fait rappeler le pourquoi de son existence. La lutte politique contre le projet de minicentrale sur la rivière Trois-Pistoles, qui avait fait naître le festival en 2002, a trouvé écho cette année lorsque des élus ont tenté d’en influencer la programmation. Que ce soit pour une rivière ou pour la liberté d’expression, le militantisme, à Trois-Pistoles, a su se tenir debout devant la controverse et défendre le bien commun.

Pour retourner aux racines de l’Échofête, il faut laisser le centre-ville de Trois-Pistoles et remonter la route 132 vers l’ouest sur quelques kilomètres jusqu’à la rivière Trois-Pistoles. C’est là que tout a commencé. Si les bassins d’eau claire qui s’y trouvent en font aujourd’hui un lieu de ralliement pour les festivaliers, c’est plutôt la puissance hydraulique du secteur qui a attiré l’attention d’un groupe de promoteurs rassemblés au sein de la société Grade Trois-Pistoles au tournant des années 2000.

Grade Trois-Pistoles regroupait plusieurs partenaires dont les deux principaux étaient Gestion SCP (aujourd’hui lié à la firme d’ingénierie BPR) et Jean-Marc Carpentier, ce dernier étant présentement impliqué dans une autre controverse, celle entourant la construction d’un aéroport privé à Neuville, près de Québec. Le projet de ces gens d’affaires de construire un barrage sur la rivière n’a pas fait l’unanimité dans la population locale qui s’est mobilisée pour bloquer les travaux.

Avec un peu de recul, l’inondation d’une partie de la rivière et la destruction d’habitats naturels auraient été réalisés pour bien peu de choses. Le projet aurait permis à la municipalité de Notre-Dame-des-Neiges de recevoir des redevances de 25000$ par année. La moitié d’un emploi aurait été créée. C’est le Sault Brown (ci-contre) qui aurait été harnaché. La puissance qui aurait été fournie par les turbines, 3,5 mégawatts, équivaut à une seule des éoliennes qui sont construites aujourd’hui.

Il aura fallu un siège de quarante jours pour éveiller l’opinion publique, empêcher le projet d’aller de l’avant et forcer une intervention du gouvernement Landry, qui a versé 1970000$ aux promoteurs pour que ces derniers baissent les bras.

Cela n’a pas tout à fait découragé les investisseurs potentiels ainsi que certains élus et, sporadiquement au cours des années 2000, des initiatives diverses ont été mises de l’avant pour tenter de réanimer le projet. La dernière mouture date de 2009 et n’aurait impliqué que la MRC, qui aurait aussi assumé la totalité des risques. Selon Mikaël Rioux, président et cofondateur de l’Échofête, même si le projet semble enterré, le risque de le voir ressusciter est bien réel. «On ne sait jamais», dit-il, remarquant du même souffle que la Commission Charbonneau, qui reprendra ses travaux à l’automne, devrait avoir un effet dissuasif sur des promoteurs éventuels…

La mobilisation aussi s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, en partie grâce à la création de ce festival qui se veut un prolongement de la bataille pour la rivière Trois-Pistoles. «On voulait montrer que notre projet était meilleur que le leur», précise Mikaël Rioux. Selon les organisateurs de l’Échofête, les retombées annuelles de l’événement se chiffrent à plus de 250000$, sans compter les retombées indirectes. Il faut aussi prendre en compte le rayonnement positif qui est créé, l’éducation et la sensibilisation pour lesquels Trois-Pistoles est maintenant connue.

Le Sault McKenzie, lieu de baignade parmi tant d’autres pendant la canicule, n’était pas ciblé par le projet de minicentrale. Photos: Nicolas Falcimaigne