Avec une main-d’œuvre vieillissante, les coopératives forestières sont constamment à la recherche de jeunes talents. Et même quand il n’y a pas de postes ouverts, ils n’hésitent pas à faire de la place pour assurer la relève forestière. Ce fut entre autres le cas pour Simon Roy, qui a rapidement gravi les échelons au sein de la Coopérative forestière de la Matapédia.

Après avoir gradué en tant qu’ingénieur forestier à l’Université Laval en 2010, Simon Roy s’est fait offrir l’opportunité dont il rêvait: travailler dans la forêt où il a grandi. Natif de la région de la Matapédia, il a toujours eu une connexion avec la forêt, alternant les parties de pêche avec la chasse et l’aménagement forestier, sur la terre à bois familiale. Aujourd’hui, il continue de vivre de sa passion. «Je suis fier d’aider les gens de la région à vivre de la forêt», dit-il.

À sa graduation, la Coopérative forestière de la Matapédia (CFM) n’était pas à la recherche d’un jeune ingénieur, mais en voyant l’enthousiasme du «petit gars du coin», ils ont fait de la place pour lui. Deux ans plus tard, il devenait le directeur des opérations et en octobre 2013, le directeur général de la Coopérative!

Âgé d’à peine 28 ans, il est confortablement installé dans sa ville natale de St-Alexandre-des-Lacs et il croit que la forêt matapédienne a un futur prometteur. «Nous devons diversifier nos façons de faire et nous accommoder avec les nouvelles tendances sociales de développement durable afin de lier l’économie à l’environnement», croit-il. Et c’est exactement ce que fait sa coopérative. Grâce au financement du «laboratoire rural», qu’ils ont reçu il y a quelques années, la coopérative a lancé une nouvelle tendance de chauffage de bâtiments à la biomasse et de conception de réseaux de chaleur. Le concept fonctionne si bien que cinq projets ont émergé et plusieurs autres sont prévus.

Favoriser la relève entrepreneuriale

Avec la main-d’œuvre vieillissante et les banques frileuses, la CFM n’avait d’autre choix que de trouver des moyens de financer l’achat de machines pour favoriser la relève d’entrepreneurs forestiers. Pour ce faire, la Coop a lancé un appel d’offres dans lequel les jeunes membres étaient invités à soumettre leur candidature dans le but d’obtenir du financement pour devenir propriétaire de leur propre machinerie forestière. «C’est quelque chose que j’avais toujours eu en tête, mais avec le contexte forestier, les banques sont frileuses quand vient le temps de prêter de l’argent pour de la machinerie forestière. Quand l’opportunité d’avoir du financement avec la coop s’est présentée, on a sauté sur l’occasion», remarque Steve Lemieux, 31 ans, qui est maintenant le plus jeune entrepreneur de la CFM.

Pour Steve et Jean-François Lemieux, ce financement a permis de lancer leur propre entreprise : les entreprises forestières Lemieux. «On est très satisfaits de notre investissement et on n’a aucun regret. C’est bon pour nous et c’est bon pour la coopérative, car il y a plusieurs entrepreneurs qui vont prendre leur retraite prochainement», souligne Steve Lemieux.

Simon Roy abonde dans le même sens. «Pour la CFM, c’est la première fois qu’on utilise ce modèle-là (la Coopérative des Hautes-Laurentides utilise également ce procédé). Nos membres sont presque tous des membres fondateurs, mais ils en ont plus de fait qu’ils ne leur en reste à faire. De notre côté, ça nous rassure, car les jeunes entrepreneurs s’engagent avec nous pour longtemps. Ça les aide parce que la coop facilite le financement. C’est bénéfique pour les deux». Le prêt consenti par la coopérative devrait être complètement remboursé d’ici cinq ans, moment à partir duquel les entreprises forestières Lemieux deviendra complètement propriétaire de la Ponsse Fox.

Chaque année, les 75 membres et autres travailleurs de la coopérative récoltent 240 000 m3 de neuf différentes essences d’arbres.