La myoculture, ou la culture des champignons, est une culture mal aimée au Québec selon les dires de Vincent Leblanc, agronome de formation et spécialiste en la matière. «On ne pense qu’aux champignons qui sont parasites, mais il y a ceux qui sont symbiotiques aussi!» a exprimé le mycologue lors d’une conférence donnée à la Convergence de permaculture. Vincent Leblanc va même jusqu’à privilégier la culture de certaines espèces de champignons comestibles avec d’autres espèces du jardin dans le but de créer un effet de synergie.

En opposition à la monoculture, la polyculture vise à rendre un agrosystème plus productif en favorisant la culture de plusieurs espèces simultanément, et ce de façon durable. La permaculture, l’agroforesterie et la myoculture en sont des exemples.

Une étude menée en sol pauvre aurait démontré que l’association des choux de Bruxelles et du pleurote de l’orme augmente le rendement des deux cultures, comme l’explique Vincent Leblanc. En plus d’agir en synergie, cultiver des champignons comestibles dans son jardin présente plusieurs avantages, comme la réduction des besoins en engrais, l’optimisation de la surface cultivée et même la protection des plantes. En effet, le mycélium, soit la partie végétative des champignons, se nourrit des nématodes présents dans le sol, ces vers microscopiques qui infectent les racines des plantes.

Se qualifiant de «paysan sans terre», Vincent Leblanc, qui est également le fondateur de Violon et champignon, une entreprise spécialisée dans la culture de champignons comestibles et la vente de mycélium, a même essayé la culture de ses champignons dans des «Smart Pots», les pots en géotextile fabriqués par les Urbainculteurs. «Le mycélium a besoin d’autant d’eau que les racines d’une plante, donc il s’agit à la fois d’un bon indicateur d’humidité», a-t-il fait valoir.

Symbiose entre plantes… et poissons

Outre la myoculture, Vincent Leblanc est également un adepte de l’aquaponie, soit la culture des végétaux associée à l’élevage des poissons. «L’aquaculture a créé des problèmes d’eutrophisation des certains lacs au Québec. L’aquaponie règle le problème en bouclant la boucle», est d’avis le polyculteur urbain. Dans ce système, les plantes filtrent l’eau dans laquelle vivent les poissons, alors que leurs déjections sont utilisées pour fertiliser ces mêmes plantes.

Même s’il avouera lui-même qu’il est un jardinier «paresseux» (il laisse monter quelques-unes de ses laitues en graines dans son jardin pour éviter d’en semer de nouvelles !) Vincent Leblanc est tout de même assez ingénieux pour avoir incorporé à sa maison un système pratiquement autosuffisant: «J’ai des bacs sur mon toit avec des lentilles d’eau servant de nourriture aux poissons. Au sous-sol, j’ai installé mes tables de cultures et mes aquariums. J’ai trafiqué ma plomberie à l’aide d’une valve afin d’utiliser l’eau grise pour arroser mon jardin et mes cultures», a illustré M. Leblanc.

D’après l’agronome, il est important de repenser l’agriculture de façon intégrée et surtout de démocratiser l’information dans ce domaine.