Autour de 250 personnes se sont entassées dans l’église de Maria au terme de la marche de solidarité dans cette ville de 2 500 personnes de la Baie des Chaleurs en Gaspésie. Le maire de la ville, des représentants des groupes écologistes et spirituel ont pris la parole après que la déclaration eut été lu en français et en anglais. C’est le maire de la ville, Normand Audet qui sans aucun doute aura volé la vedette avec des déclarations qui sortent de l’ordinaire politique.

Après avoir souligné le fait qu’il ait dû traverser avec plaisir une mer d’enfants pour se rendre au podium, le maire a enchaîné en faisant remarquer que c’est en gardant nos enfants en mémoire qu’il faudrait entreprendre quelque développement que ce soit. À la fin d’un discours inspiré et bien senti, c’est au son des tambours et d’une ovation debout, deux éléments inusités à l’intérieur d’une église, qu’il est revenu s’assoir.

La marche de solidarité faisait suite à l’événement annuel du Jour de la Terre, organisé par Environnement vert plus, et qui portait cette année sur « Les alternatives au pétrole ». Plusieurs kiosques touchant à l’agriculture bio et locale, la construction écologique et même l’Action Terroriste Socialement Acceptable (ATSA), ont été montés pour l’occasion.

C’est après avoir discuté en matinée de Maison écologique, de Transition post-pétrole, de l’histoire de l’exploration pétrolière en Gaspésie et de façons de diminuer la dépendance au pétrole que la foule s’est mobilisée à 14h précise comme dans plusieurs endroits du Québec.

Nous reproduisons ici le discours du maire de Maria, Normand Audet:

Aujourd’hui, « Jour de la terre » souligne les liens entre l’environnement et la santé. C’est symbolique de faire cette manifestation à Maria qui justement a ce créneau : la santé. Il est évident que nous commençons à nous heurter aux limites écologiques de l’activité économique.

Un système économique dont le but est la recherche du profit à court terme pour des intérêts particuliers, ne peut prendre en compte les coûts à long terme tels que la dégradation de l’environnement.

Nicolas Hulot dans son livre Le syndrome du Titanic dit: «Les jours du monde tel que nous le connaissons sont comptés. Comme les passagers du Titanic, nous fonçons dans la nuit noire en dansant et en riant, avec l’égoïsme et l’arrogance d’êtres supérieurs convincus d’être maîtres d’eux-mêmes comme de l’univers. Les signes annonciateurs du naufrage s’accumulent : dérèglements climatiques en série, pollution omniprésente, extinction exponentielle d’espèces animales et végétales, pillage anarchique des ressources, multiplications ces crises sanitaires etc. Nous nous comportons comme si nous étions seuls au monde et la dernière génération à occuper cette terre.»

Aujourd’hui, nous avons aussi d’autres raisons de nous inquiéter. Les 1% de la planète qui possèdent la richesse sont pressés de s’enrichir encore plus vite. La crise financière de 2008 a accéléré ce mouvement. Les rendements de la Bourse et des placements traditionnels sont trop lents. On vient de flairer un bonne affaire, l’exploitation des ressources naturelles: Gaz de schiste, pétrole dans le golfe St-Laurent et maintenant le Plan Nord.

N’êtes-vous pas étonné de la rapidité dont on fait preuve dans ce domaine ? Prenons notre temps avec ces exploitations. Prenons notre temps car ces ressources sont là depuis des millions d’années et le resteront encore 10 ou 20 ans de plus. Il faut se méfier de ceux qui veulent aller trop vite…

Oui, il faut marcher pour la terre! Il faut se poser des questions sur notre avenir, un peu à l’image des étudiants qui osent redéfinir leur société. Aujourd’hui le mouvement du Jour de la Terre nous invite à devenir conscient de ce qui se passe et à agir en conséquence. C’est une invitation qu’on ne peut plus refuser !

Normand Audet, 22 avril 2012