Ce n’est ni pour la gloire ni pour la fortune que Denis McCready a l’intention de devenir candidat à la mairie de Montréal. Encore moins pour «tromper l’ennui ou faire rire [sa] mère», comme il l’affirme lui-même sur son blogue. Le documentariste de carrière en a «soupé» de ceux qui méprisent l’avis des citoyens et il veut se faire élire pour retrouver le vrai sens du mot démocratie. Au contraire de ses adversaires, son programme n’émet aucune opinion et se résume à une idée: la démocratie directe. Au cœur de l’été, M. McCready harnache son seul cheval de bataille et se lance dans la course.

Né à Montréal, le dernier à déclarer son intention de devenir candidat y a résidé toute sa vie. Sa fidélité à la ville dont il souhaite maintenant être maire ne l’a pas empêché de quitter son île. Son flair curieux l’a fait voyager au pays et ailleurs.

Denis McCready est connu pour avoir oeuvré dans le milieu du cinéma, notamment pour avoir produit le documentaire Chercher le courant. Ce film, récipiendaire d’un prix Gémeaux, met en doute la pertinence du projet de barrage hydroélectrique sur la rivière Romaine, située sur la Côte-Nord. M. McCready a été très actif au sein du mouvement Occupons Montréal. Il est également blogueur sur le site du magazine Voir.

Au sommet du mont Royal, Denis McCready a confié son idéal au journal Ensemble.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne

Bien qu’on le connaisse pour des positions affirmées et des argumentaires solides, le documentariste présentera un programme électoral très léger. Pas besoin de colle idéologique pour en faire tenir les morceaux, puisque Denis McCready préconise exclusivement l’instauration de mécanismes de démocratie directe, sans prescrire de contenu déterminé.  L’important, «c’est de redonner le pouvoir aux citoyens».

Prendre le pouvoir pour le déléguer

M. McCready envisage donc la participation citoyenne dans sa forme la plus aboutie, soit la démocratie directe. Il insiste que la consultation publique ne suffit pas pour redonner le pouvoir aux citoyens. La décision de ceux-ci doit avoir «force de loi».

Il propose donc de tenir deux grands référendums, «qui suivent nos saisons, soit à l’automne et au printemps». Mais pas question de submerger les citoyens avec des questions techniques, «il s’agit de soumettre les grandes idées aux citoyens». Par exemple, «les questions pourraient être déterminées à l’avance par des pétitions», illustre-t-il tout en avouant que la mécanique reste encore à préciser.

Cette possibilité de suggérer des lois et de les voter créera de facto un mécanisme de destitution des élus. Denis McCready explique: «Si les citoyens ramassaient assez de signatures sur une pétition, ils pourraient forcer un vote de confiance sur un élu et le destituer.»

Les citoyens prêts?

La forme de démocratie actuelle, la démocratie représentative, prévoit que les électeurs délèguent leur pouvoir à un représentant. Cet élu est présumé consacrer son temps et son intelligence à gérer la chose publique. Les tenants de cette représentation démocratique le jugent plus à même de prendre les meilleures décisions.

Un raisonnement que M. McCready exècre. Chaque citoyen prend un nombre incalculable de décisions pour sa propre vie. Les citoyens démontrent ainsi qu’ils sont en mesure de conduire les affaires publiques. Selon le politicien en devenir, «Les gens qui prétendent le contraire sont des gens qui ont du mépris pour les citoyens. Et moi, ce mépris-là, j’en ai soupé. Les citoyens sont intelligents et ils veulent être consultés.»

Non seulement McCready a foi dans la capacité de ses concitoyens à prendre des décisions éclairées, mais il croit en outre que le moment est bien choisi. «Le niveau de colère en ce moment à Montréal et ailleurs au Québec est sans précédent. C’est historique», dit-il en pointant la ville comme si les traces de cette colère étaient visibles du haut du mont Royal. «Il est temps que ça change», martèle-t-il une dernière fois.

Le futur candidat conclut, non sans une pointe d’ironie: «Si vous n’aimez pas l’idée que les citoyens aient du pouvoir, ne votez pas pour moi. Ma candidature est un référendum en soi, puisque je cherche à me faire élire sur une seule idée.»

Électeur. Pourquoi pas candidat?

Même s’il n’a pas l’intention de former un parti, l’idée étant contraire à ses aspirations de rompre avec la politique partisane, M. McCready appelle tous les citoyens à se présenter comme candidats indépendants. Pour amener d’autres points de vue en politique municipale, le documentariste veut inspirer d’autres citoyens. «Mon souhait le plus grand c’est qu’à l’automne 2013, il y ait un record de candidats indépendants à travers le Québec aux élections municipales et qu’on change le portrait de la politique municipale.»


Les citoyens qui souhaitent se porter candidats ou candidates aux prochaines élections doivent respecter quelques critères.

Il faut être inscrit, ou y avoir droit, sur la liste électorale de la municipalité et y résider depuis au moins 12 mois, en date du 1er septembre 2013.

On doit également remplir un formulaire, adapté par chaque municipalité. Des signatures d’appui sont requises avec cette déclaration de candidature. Le nombre minimal est déterminé selon la population et le poste. Pour plus d’informations, on peut télécharger le guide du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT).

Finalement, on s’assurera de respecter les règles en vigueur sur les dépenses électorales. Il est possible de télécharger un condensé de celles-ci sur le site du Directeur général des élections du Québec (DGEQ).