Imaginez: au lieu du gazon, des fraisiers alpins qui donnent de petits fruits tout l’été. Juste à côté, des bouquets d’échinacée pourpre, puis un prunier qui éclate de pétales blancs au printemps pour plus tard livrer de succulents fruits. De quoi s’alimenter à même l’aménagement paysager! L’idée vous semble appétissante? Claudine Gascon, fondatrice de Croque Paysage, a fait du paysagement comestible sa spécialité. En fin de semaine dernière, elle a fait saliver les nombreux participants à la Convergence de permaculture du Nord-Est de l’Amérique, qui se déroulait à Frelighsburg.

Au catalogue, quelque 150 variétés d’arbres et arbustes à fruits, légumes, fleurs comestibles, couvre-sol et fines herbes. Toutes des vivaces qui s’agencent pour plaire à la fois à l’œil et aux papilles.

«C’est un mélange d’aménagement paysager et de permaculture, explique Claudine Gascon, 29 ans. Je tente de répondre aux besoins fonctionnels (l’usage du terrain), esthétiques et alimentaires des clients.»

Fondée à l’été 2010 à Val-David, Croque Paysage produit déjà quelque 10000 plantes vivaces par année, dans des pots sur un terrain prêté par un voisin. Les végétaux sont écoulés le samedi à un kiosque du Marché d’été de Val-David, ou dans les aménagements privés que réalise l’entreprise.

En début de saison, Croque Paysage propose aussi une grande variété de plants de légumes pour le potager. Sa particularité est toutefois du côté des vivaces comestibles, dont plusieurs sont des variétés méconnues ou oubliées que seule Croque Paysage propose en plants prêts à s’insérer dans un aménagement.

Avant de se lancer dans l’aventure, Claudine Gascon a réalisé une technique en design, suivi d’études en architecture de paysage et en horticulture. «À Montréal, j’ai baigné dans des groupes écologiques. Je me suis intéressé au vélo comme moyen de transport actif, puis à l’alimentation. J’ai eu l’idée de faire encore plus écologique et local que les paniers de légumes bio d’Équiterre», raconte-t-elle.

Elle s’initie à la permaculture à l’occasion d’un séjour d’un mois au Costa Rica. «En tant que permaculteur, on organise les plantes pour qu’elles s’entraident plutôt que se livrer compétition. Par exemple, on fait côtoyer des racines pivots, fasciculées et superficielles, pour un meilleur usage de l’eau et des nutriments. On utilise aussi des plantes qui attirent les pollinisateurs, d’autres qui repoussent les ravageurs ou encore qui fertilisent naturellement le sol.»

Claudine Gascon accorde une grande importance à l’esthétisme. «Pour bien des permaculteurs, les cheuveux leur dressent sur la tête quand on met l’esthétique en priorité!», dit-elle. En plate-bande comme sur un grand terrain, elle occupe tous les étages de végétation: couvre-sol, herbacés, vignes, arbustes et arbres.

Comme une forêt où la fertilisation se fait naturellement, les aménagements de Croque Paysage se veulent autonomes. «On s’inspire des principes la nature pour les optimiser et créer des paysages qui ne demandent pas d’intrants et peu d’entretien.» Pas de gazon à tondre, pas de plate-bande à remplir d’annuelles au début de l’été.

Et si une fringale vous prend par un soir d’été, il y aura toujours quelques pétales, feuilles ou petits fruits à se mettre sous la dent…