Donnons-nous des moyens de négocier ensemble! C’est le message lancé par les participants aux États généraux du journalisme indépendant de l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), qui fête son vingtième-cinquième anniversaire d’existence cette année. Tous ont convenu que des conditions de travail acceptables sont essentielles à la qualité du travail journalistique et au débat démocratique. Déjà proposée comme une des pistes de solution pendant la tournée de consultation sur le journalisme indépendant, une loi sur le statut et les conditions d’engagement des journalistes est encore une fois apparue comme le fer de lance de la négociation collective.

«La pauvreté n’est pas une vertu dans notre métier. Des conditions minimales de travail sont nécessaires pour que les journalistes conservent leur indépendance», a rappelé le journaliste François Bugingo en conférence. À cet égard, le sondage mené par l’AJIQ auprès de 106 journalistes n’est pas rassurant. Depuis le début des années 2000, le revenu total moyen des journalistes régresse. La diminution est encore plus marquée chez les journalistes indépendants. En 2013, ils gagnent moins des trois quarts du revenu total moyen des journalistes indépendants d’il y a vingt ans. Plus du quart de ces journalistes songent à quitter la profession dans les deux prochaines années.

Pour améliorer ce triste état de situation, les pistes de solution les plus souvent nommées par les journalistes interrogés sont la négociation collective (74%) et la création d’un ordre professionnel (40%). Ces pistes de solution ont aussi été soulevées pendant la Tournée de consultation sur le journalisme indépendant réalisée par le journal Ensemble et ont été réaffirmées pendant les États généraux. «Il faut aller vers une loi sur le statut des journalistes sur le modèle de celle sur le statut de l’artiste, qui fixe des conditions plancher d’embauche des journalistes», a affirmé l’ancien président de l’AJIQ, Nicolas Langelier.

Des solutions individuelles et collectives

En conférence d’ouverture, Dominique Payette a rappelé les recommandations de son rapport paru en janvier 2011: loi sur le statut des journalistes, mais aussi financement de plateformes régionales de Télé-Québec et crédit d’impôt sur l’embauche de journalistes en région. «Les vraies solutions sont collectives», a-t-elle soutenu.

Malgré l’importance de la mobilisation collective, la présidente de l’AJIQ, Mariève Paradis, a appelé à ne pas s’en remettre seulement à l’AJIQ. «ll faut aussi se mobiliser individuellement et se donner les conditions pour ne pas être 27% à avoir envie de quitter. Ce n’est pas seulement une histoire d’argent, c’est une histoire de qualité de l’information, de déontologie et de démocratie», a-t-elle souligné.

Les gagnants de la soirée de la cinquième édition des Grands Prix

Marc-André Sabourin a été récompensé plusieurs fois lors du gala des Grands prix du journalisme indépendant. Il remporte à la fois les prix du meilleur article pratique, du meilleur portrait ou entrevue de presse écrite et le meilleur reportage ou essai écrit. Habitué des Grands Prix de l’AJIQ, il s’est vu attribuer le prix Relève l’an dernier.

Fadwa Lapierre a pour sa part remporté le prix dans la catégorie du meilleur article d’hebdomadaire écrit avec «De l’espoir dans le deuil», paru dans la Vallée-du-Richelieu Express. Le prix de la meilleure critique culturelle est attribué à Caroline Rodgers pour «La Beauté à chaque instant», paru dans La Presse.

Les gagnants pour les meilleurs photoreportage et reportage sont respectivement Nicolas Lévesque pour «In guns we trust», paru dans La Presse et Jean-Pierre Bastien pour un reportage sur le lithium bolivien présenté à l’émission Dimanche magazine sur la première chaîne de Radio-Canada.

Le Grand prix reconnaissance AJIQ va à la coordonnatrice de la Fédération nationale des communications (FNC). Ce prix est attribué chaque année à une personne ou à une organisation qui s’est démarquée en contribuant de façon significative au dynamisme du journalisme indépendant au Québec.