En mai 2012, l’unique station d’essence du village de Petit-Saguenay met la clé sous la porte. Mais loin de provoquer le découragement dans sa population, cette triste nouvelle devient plutôt l’élément déclencheur d’une mobilisation majeure aboutissant à un projet de magasin général. Administrée par la Co-op de consommation de Petit-Saguenay, la construction de ce nouvel édifice, regroupant tous les services d’épicerie du village et la station d’essence, débute dès l’automne 2013.

Au cœur du village de Petit-Saguenay, il y avait deux commerces principaux: la Co-op de consommation, épicerie créée en 1956 par un regroupement d’agriculteurs voulant faciliter la distribution de leurs produits, et la quincaillerie DDMT, également gestionnaire de l’unique station d’essence du village. Quand cette dernière dépose le bilan, elle prive du même coup les villageois d’un service essentiel.

«Depuis 2010, les citoyens et les citoyennes de Petit-Saguenay coopèrent en grand nombre aux travaux de leur communauté qui visent à la revitalisation du milieu. Cette participation citoyenne est le fondement d’un développement harmonieux et réfléchi qui prend en compte les besoins de l’ensemble de la communauté», explique Philôme La France, chargé de projet pour Petit-Saguenay 2020, une démarche de démocratie participative très active. M. La France a consacré au projet un texte paru dans le journal local Le Trait d’union.

Mobilisation du milieu

Face à la fermeture de la station d’essence, la mobilisation citoyenne déjà en place permet de réagir rapidement. Dès novembre 2012, lors d’une rencontre publique, il est décidé que la Co-op de consommation de Petit-Saguenay, implantée solidement dans le milieu depuis plus de cinquante ans, sera le noyau coordonnateur du nouveau projet. Fort de ce soutien populaire, la coopérative dépose son plan d’affaires dès le mois de janvier 2013.

«Le nouveau bâtiment contribuera également grandement à la revitalisation du cœur du village, explique M. La France. Son revêtement en bois et en pierre s’intégrera à merveille dans l’architecture traditionnelle de Petit-Saguenay, avec la promenade et avec les murets de pierre que l’on retrouve un peu partout dans le village.» Le jeune chargé de projet ajoute que «son architecture combine à la fois des éléments modernes et traditionnels, ce qui plaira tout autant aux défenseurs du patrimoine qu’aux modernisateurs. Finalement, l’achalandage qui sera suscité par le nouveau magasin devrait profiter à tous les commerces des environs».

Pérennité?

À l’image de sa Co-op de consommation, née d’un regroupement de cultivateurs désirant prendre en main la distribution de leurs produits, la mobilisation populaire en cours à Petit-Saguenay sera-t-elle garante du succès et de la pérennité de ce projet d’envergure?

En plus des économies prévisibles qu’apporteront l’intégration des services au même endroit, le projet mise sur l’amélioration de l’offre: un petit café sera aménagé et sera ouvert toute l’année, des produits chauds et froids «prêt-à-manger» seront offerts et l’infrastructure bénéficiera d’équipements neufs et d’un surface de vente accrue. Cette synergie devrait stimuler l’achalandage, d’autant plus que la population s’est investie massivement dans le projet.

«L’investissement de 1,9 millions $ est déjà une réussite majeure qui marquera l’histoire de Petit-Saguenay, illustre Philôme La France. La campagne de financement en elle-même a été un énorme succès avec 100000$ de fonds récoltés dans le milieu. Plus de 450000$ de subventions ont également été obtenus auprès des ministères et organismes. Les gens de Petit-Saguenay peuvent être fiers de la réussite de ce projet qui marque le début d’une nouvelle ère.»