« Assez » est le message qu’envoyaient les 2000 citoyens venus manifester samedi le 24 septembre devant les bureaux de Jean Charest à Montréal. Les scandales s’entassent et s’accumulent. Plus les Québécois tentent d’y voir clair, plus la corruption est perceptible. Après les révolutions du Printemps arabe, la grogne semble avoir gagné l’Occident. Londres s’est enflammée cet été, puis New-York depuis le 17 septembre. Portrait d’un ras-le-bol universel.

Certains étaient venus pour demander la démission du Premier Ministre du Québec. D’autres, pour dénoncer un système politique qui ne leurs ressemblent plus. Quelques-uns, pour exprimer leurs opinions sur la hausse des frais de scolarité. Peu importe l’idéologie qui les anime, plus de 2 000 manifestants venaient dire qu’ils en avaient marre des collusions régissant la construction au Québec. « Aujourd’hui, nous sommes des citoyens venus de tous les horizons pour crier notre indignation et notre colère face au gouvernement actuel », déclare la porte-parole des services sociaux et des opposants à la privatisation, Marie-Ève Rancourt.

Pour une enquête publique

Sur une affiche, il était écrit « Reconstruisons la construction ». Celle-ci appartenait à un entrepreneur en construction venu dénoncer ce qui se fait dans son milieu. Ne voulant plus être pris entre l’éthique et l’argent, Louis Mercure prend la parole : « On n’a pas le prix honnête pour payer décemment nos employés. » Coincé, il fait souvent face à des négociations qui nivellent les coûts vers le bas. « Ma revendication principale serait que la Commission de la Construction du Québec (CCQ), soit le général, la vraie police qu’elle fasse respecter les lois. » Pour l’instant, celle-ci n’exerce qu’un rôle que l’entrepreneur qualifie de brigadier : « La CCQ ne fait que gérer la circulation. »

Pour la majorité des manifestants, la solution est une enquête publique. « Une enquête publique contraint les gens à parler. Mais, c’est pour le bien commun », exprime un jeune engagé, Jérémie Masson. En ce sens, l’enquête devant auditoire amènerait une profondeur à la question, ferait peur aux personnes impliquées et pourrait enrayer le cynisme ancré dans la mentalité québécoise face à la politique. Louis Mercure ne voit pas les choses de la même façon. « J’irais plus comme le propose M. Duchesneau : une enquête privée où les gens pourraient parler, sans rien dire devant public. Je pense à tous les inspecteurs de la CCQ qui pourraient raconter comment cela se passe. »

Ras-le-bol universel

« On vient parler des choses qui nous tiennent à cœur. On se tient ensemble », dit un jeune manifestant, Zacharie Jolin. La population du Québec n’est pas la seule à se réunir pour remettre en question la situation. À New York, une manifestation a lieu depuis le 17 septembre sur Wall Street pour dénoncer le système capitaliste qui ne profite qu’à une élite. Selon l’agence de presse Reuters, la police New-Yorkaise aurait interpellé 80 personnes sur plusieurs centaines de manifestants. Des vidéos des arrestations violentes faites lors de l’évènement circulent sur le web.

Quoiqu’il en soit, 24 septembre n’est que le début d’une série de manifestations au Québec. « On se lève pour dire que qu’on a une voix et que l’on veut qu’elle soit respectée. Mais il y a un mais : si on veut que les choses changent, on ne peut pas aller se rasseoir », conclut Marie-Ève Rancourt. Une autre manifestation d’envergure s’annonce le 10 novembre à Montréal, contre la hausse des frais de scolarité.

Jeunes manifestants criant des slogans. – Photo: V.Hébert