L’agriculture familiale traditionnelle des pays en développement peut-elle trouver sa place sur les grands marchés économiques multinationaux? Lors du Sommet international des coopératives 2014, qui s’est tenu à Québec du 6 au 9 octobre, Nora Ourabah Haddad, Coordonnatrice des coopératives et organisations de producteurs à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a répondu par l’affirmative à cette question: selon elle, le système coopératif permet de prendre en compte les spécificités locales tout en offrant les avantages de l’action collective. Résumé de son intervention lors du forum «Agriculture familiale: une solution pour la sécurité alimentaire?»

Dans les pays en développement, les petites exploitations agricoles familiales constituent une structure d’importance pour la société et l’économie locale. Elles génèrent en effet du travail et un revenu pour les familles, et fournissent de la nourriture pour leurs villages.

Il convient donc de préserver le schéma existant, tout en l’intégrant dans le contexte actuel international, où les multinationales et les industries alimentaires sont particulièrement puissantes. Chaque exploitation a ses propres spécificités. Comment trouver un équilibre entre la création d’un environnement homogène et la prise en compte de la diversité des exploitations existantes?

Le système coopératif apparaît, pour l’agriculture familiale, comme une réponse pertinente à la mondialisation et la libéralisation des échanges. Les coopératives proposent en effet une réelle «stratégie innovante», selon Nora Ourabah Haddad. Elles tissent des relations entre les petites structures et les relient avec les acteurs sociaux, en renforçant l’action collective et en leur permettant ainsi de s’exprimer sur la scène politique.

Ce système permet également aux petites exploitations d’accéder à différentes ressources: ressources naturelles et financières à travers le crédit, information, modernisation (en partageant par exemple du matériel technique) et accès à des marchés qu’elles n’auraient peut-être jamais pu atteindre sans coopération. De plus, Nora Ourabah Haddad souligne que sur le plan financier, les coopératives offrent plusieurs avantages aux familles agricoles: allègement des coûts de transaction, réalisation d’économies d’échelle, diminution des risques.

Enfin, le système coopératif propose aux petites entreprises agricoles familiales un cadre, une constance et une meilleure productivité, grâce notamment aux consignes et aux formations dispensées.

Voici comment le système coopératif conforte le développement local durable et répond, pour l’agriculture familiale des pays en développement, aux défis économiques d’aujourd’hui… et de demain.