À 46 ans, Norbert Tchana Nganté, originaire du Cameroun, est un journaliste et un syndicaliste aguerri. Nouvellement arrivé au Québec, il s’est joint récemment au collectif de la tanière Wolfe, un espace de travail partagé où plusieurs membres de la Coopérative de journalisme indépendant, dont notre Vice-président Dru Oja Jay et le vidéaste et média-activiste Olivier D. Asselin, partagent des bureaux. Titulaire d’une licence en droit privé, son parcours de vie est celui d’un battant qui a embrassé dès le jeune âge adulte le «combat pour la liberté».

En 1993, Norbert a épousé la cause du journalisme, ce métier pour lequel il avait déjà, avoue-t-il, «une certaine vocation». «C'était un journalisme militant», se souvient-il, précisant que son travail de journaliste s'inscrivait dans un combat pour la démocratie dans son pays natal, déjà à l'époque sous le joug d'une dictature qui, 20 ans plus tard, s'accroche encore au pouvoir. Après avoir parcouru les salles de rédaction pendant près de 10 ans et constaté à quel point les conditions de travail des journalistes camerounais étaient misérables, il s'est engagé dans la création du Syndicat des Journalistes Employés du Cameroun (SJEC), premier syndicat du secteur de l'information au pays, fondé en novembre 2002.

À la tête du syndicat, il s'est lancé «droit au but», cherchant par tous les moyens à améliorer les conditions de pratique du journalisme. Avec des appuis de taille, dont notamment celui de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le SJEC est parvenu à lancer la négociation d'une convention collective nationale. Au terme de trois ans «d'âpres négociations», menées par le biais d'une commission tripartite réunissant les syndicats et les patrons de presse sous l'arbitrage du gouvernement, la première convention collective nationale des journalistes et métiers de l'information a été signée en 2008.

En 2013, Norbert est devenu le premier membre de la Coopérative de journalisme indépendant en Afrique. En marge de son dossier sur les États généraux du journalisme indépendant organisés par l'Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ), le journal Ensemble lui commande alors une série d'articles sur la situation de la presse en Afrique centrale.

Fier d'appartenir à une «organisation de renommée internationale», il a profité de cette tribune pour «faire connaître au monde entier la situation des journalistes en Afrique» et dénoncer «la liberté confisquée» de la presse au Cameroun, mais aussi au Congo, au Gabon, au Tchad et en Centrafrique. Journaliste indépendant dans l'âme, il saisit toutes les occasions pour lutter contre la corruption sous toutes ses formes et dénoncer les exactions dont les journalistes sont victimes quotidiennement en Afrique.