Depuis sa fondation en 2009, la coopérative de solidarité Le vol du colibri, située à Rouyn-Noranda, a ouvert deux garderies et une panoplie de services pour les enfants de 0 à 12 ans et leur famille. Bien que favorisant l’accès au service de garde et l’implication de la communauté, ce modèle unique n’est pas sans défis.  

« On a choisi le modèle de coopérative de solidarité parce qu’on trouvait que c’était important que les membres-utilisateurs et les employés aient des pouvoirs, mais aussi que gens intéressés dans la communauté puissent être membres. Le modèle de coopérative de solidarité correspondait tout à fait », explique France Caouette, coordonnatrice de l’organisme depuis sa fondation.

L’initiative est née alors que le manque de places dans les services de garde de Rouyn-Noranda était criant. Une première garderie de 75 places a donc ouvert ses portes le 1er février 2010. Son déménagement dans une ancienne église lui a permis d’accueillir un peu plus de tout-petits et d’aménager un site semblable en mars 2012.

En parallèle, Le vol du colibri offre des services connexes : camps de jour pour enfants d’âge scolaire l’été et durant les congés de la relâche et du temps des fêtes, une nuit de répit par moi aux parents et un service de mets préparés à faible coût.

« Notre mission n’est pas seulement d’offrir des services de garde mais de soutenir le développement des enfants de la naissance à 12 ans, en étant partenaires des parents et en développant des services qui leur facilitent la vie », précise la coordonnatrice du Vol du colibri.

Initiatrice du projet, France Caouette soutient que la formule coopérative a aidé à développer une approche plus souple que celle qui prévaut dans les centres de petite enfance (CPE). Par exemple, Le vol du colibri se permet de former des groupes multi-âges, dans le but de jumeler les enfants d’une même famille.

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Le recours des parents apprécié

 Comme la coopérative n’obtient pas d’aide gouvernementale et que la contribution des membres n’est pas suffisante pour subvenir aux dépenses de l’organisme, les administrateurs doivent être inventifs pour multiplier leurs partenaires.

«Même sous-financés, les CPE obtiennent 45 % plus d’aide que nous», souligne Mme Caouette.

Mais des entreprises, ainsi que des organismes publics et communautaires s’investissent dans le projet. Le rêve de devenir un jour un centre de la petite enfance tient toujours.

France Caouette souhaiterait que l’État transforme plus de garderies privées – coops ou pas – en CPE. « Il faudrait que le gouvernement puisse offrir des subventions selon les besoins d’une population», considère-t-elle.

Pour le ministère de la Famille, ce travail se fait déjà, puisque depuis 2010, la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance prévoit une consultation des milieux régionaux pour l’attribution et la réaffectation des places subventionnées. Les comités régionaux sont donc consultés sur les besoins et les priorités régionales et procèdent à l’analyse des projets qui répondent le mieux aux besoins des familles de leur territoire. Ces dossiers sont ensuite acheminés à Québec.

Le partenaire principal de la coop est le groupe de propriétaires de l’église, où logent les garderies. «On leur a demandé le loyer qu’ils étaient capables de payer», témoigne l’un des sept actionnaires de Développement-Tetra, Guy Leclerc. Selon lui, l’implication d’une entreprise dans un projet social ne compromet pas le retour sur l’investissement. «On a mis des sous, on a développé un projet, puis quand il sera payé en partie, on va retirer nos billes», explique-t-il.

L’implication des parents, bien que non obligatoire, est grandement encouragée. «Ce n’est pas impossible qu’on en vienne à exiger un certain nombre d’heures d’engagement, mais on n’en est pas là. Comme notre mission est de soutenir les parents auprès de leurs enfants, on ne veut pas ajouter de pression», précise la coordonnatrice de la coopérative.

Des défis à relever

Père de 4 enfants qui fréquentent Le vol du colibri depuis 5 ans, Loïc Bureau est devenu président du conseil d’administration de la coopérative il y a deux ans. Ce papa engagé constate que plusieurs défis demeurent à relever. «Les gens ne sont pas conscients de l’éventail de services qu’on offre, même parmi nos propres membres

Cette sensibilisation est primordiale pour la coopérative qui réclame 35 $ par jour pour son service de garde.  «Le prix est, en effet, limitatif. On en est conscients», admet M. Bureau.

France Caouette souhaite sensibiliser le public sur la question, notamment pour le recrutement de son personnel. «Nous sommes incapables d’offrir les salaires normalement offerts pour des postes d’éducatrices. On n’a pas les revenus nécessaires. Même chose pour une assurance collective, ou un fonds de pension. Dans les CPE conventionnels, le gouvernement offre une part de subvention.»

«Chez nous, l’argent qu’on demande aux parents finance tout», compare Mme Caouette. 

Pour attirer des membres et d’autres partenaires, la coopérative souhaite diversifier davantage ses activités. Dans la prochaine année,  Le vol du colibri compte développer un service intitulé «D’un nid à l’autre». L’idée est d’offrir aux membres les services d’une accompagnatrice familiale à domicile pour des heures de garde ou du soutien à même leur résidence. La coopérative envisage également de rouvrir un centre d’amusement intérieur qui se trouve à côté des garderies. L’endroit a fermé ses portes au cours des derniers mois.