Lévis — Oser sortir des sentiers battus… Voilà qui pourrait rendre compte des propos tenus hier par les participants à la journée de réflexion sur le thème « Quelle place pour les coopératives dans la restructuration des organisations agroalimentaires ? ». Une question qui semble en interpeller plusieurs, puisque c’est une cinquantaine de personnes provenant d’horizons divers (chercheurs, agriculteurs, documentaristes, acteurs du mouvement coopératif etc.) et de plusieurs régions du Québec, en plus d’invités internationaux, qui se sont réunies à Saint-Nicolas pour échanger expériences, réflexions et projets d’avenir autour de l’agriculture et de l’alimentation.

Fait intéressant à noter, la majorité des participants à l’événement, y compris les panélistes, étaient des jeunes de moins de trente-cinq ans. Pour Amadou Moustapha Niang, de la Conférédération sénégalaise des sociétés coopératives et mutualistes, il s’agit d’un des éléments marquants de l’événement : « cette jeunesse engagée, prête à prendre la relève, qui se demande comment améliorer [son] agriculture et qui a convoqué une journée » sur la question.

L’avant-midi a été consacré à brosser un portrait des transformations en cours au Québec, dans la foulée des constats dressés par la Commission Pronovost en 2008. Dans un contexte où les pilliers mêmes de la politique agricole québécoise (gestion de l’offre, mise en marché collective, soutien du revenu, système de protection du territoire agricole) sont remis en cause et à l’heure où le secteur fait face à de nouveaux défis liés à la mondialisation, mais aussi aux préoccupations de la population québécoise, la coopération peut, selon le discours des intervenants présents, jouer un rôle accru. Les expériences présentées au cours de l’après-midi ont en effet permis de découvrir des coopératives qui osent et innovent, que ce soit en allant à la rencontre de la demande nouvelle et croissante des consommateurs pour des produits locaux ou biologiques ou encore en se diversifiant et en développant de nouveaux services pour répondre aux besoins changeants de leurs membres et ce, tant ici qu’en France.

Fortes de la confiance et du sentiment d’appartenance qui les caractérisent, ancrées dans le territoire, les coopératives semblent qualifiées pour participer au renouveau de l’agroalimentaire qui se fait de plus en plus urgent. Reste à voir si les gouvernements et autres structures bureaucratiques oseront eux aussi sortir des sentiers battus et soutenir les projets coopératifs qui, selon les témoignages entendus hier, se font encore trop souvent mettre des batons dans les roues.