Nombreux sont les québécois ayant voyagé à l’étranger, mais peu d’entre eux ont visité leurs régions. Tel fut le premier constat des participants à l’atelier Occuper le territoire Québécois : Solutions innovatrices pour régions à dynamiser.

L’ouverture de l’atelier a débuté par un discours éloquent de Claire Bolduc, présidente de Solidarité rurale du Québec. Avec son expérience et sa vision aiguisée du sujet, elle propose des pistes de réflexion pour orienter les discussions. Des solutions, elle en connaît mais elle préfère écouter les jeunes exposer leurs idées. Elle ne manque toutefois pas d’exprimer ouvertement son opinion pour alimenter les échanges.

Son discours de décentralisation des pouvoirs interpelle les jeunes. Souvent, les décisions se font dans les grands centres, mais sont-elles adaptées aux réalités et aux attentes des citoyens vivant en région ? Il faut octroyer la gouvernance des régions aux régions, pour qu’elles soient maître chez elles. Il faut également tenir compte de l’unicité de chacune d’entres elles dans leur développement, que ce soit au niveau touristique, culturel ou industriel.

Environ 20 % des jeunes qui ont participé au Sommet provenaient des régions. Malgré ce pourcentage relativement faible, un grand nombre d’entre eux étaient réunis à cet atelier. Ils y étaient pour échanger sur les enjeux des régions, mais surtout pour les représenter.

L’exode des jeunes vers les grands centres urbains, est-ce toujours d’actualité ?

Oui, les jeunes des régions sont attirés vers les centres urbains qui foisonnent d’activités, que ce soit pour les possibilités d’études ou de travail alléchantes. Parallèlement, un phénomène inverse s’observe. Près de 50 % des jeunes qui ont migré en région au cours des dernières années provenaient de grands centres urbains. De plus, certains natifs des régions éloignées quittent, mais reviennent s’installer dans leur ville d’origine une fois leurs études terminées. C’est le cas de l’un des participants, qui retourne en Abitibi-Témiscamingue pour y ouvrir une auberge de jeunesse.

Que faire pour amener et garder la relève en région ? Il faut tout d’abord faire connaître nos régions. Certes, les campagnes de séduction offrent une belle vitrine publicitaire. Cependant, il ne suffit pas de les voir uniquement en images, mais d’offrir une expérience vécue. En ce sens, les participants ont suggéré de favoriser les stages en milieu scolaire et entrepreneurial en région. Les municipalités doivent ensuite faciliter les échanges et les activités culturelles pour créer un sentiment d’appartenance fort chez les nouveaux arrivants.

Rendre les régions accessibles

Il faut aussi favoriser le transport et le rendre accessible à moindre coût. En ce sens, il est dommage que le billet d’un vol entre Montréal et Sept-Îles coûte plus cher que celui d’un vol entre Montréal et Paris. Et que dire de l’empreinte écologique ? Pour développer les régions, il faut donc penser à favoriser un réseau de transport durable intra et extra régional. Des participants ont suggéré, en réponse à cette problématique, la mise en place d’un système de train électrique à travers le Québec.

Les autres solutions envisagées

Redonner le pouvoir aux citoyens des municipalités par le biais d’un budget participatif. Cette idée est basée sur un modèle testé au Brésil, où 20 % du budget municipal est remis entre les mains d’un conseil de citoyens. En ce qui concerne le développement économique des régions, il faudrait investir dans les technologies qui favorisent la création de produits à valeur ajoutée. Il ne faut pas seulement exporter les ressources, mais aussi les transformer. En plus de réduire les coûts de transport et notre dépendance au pétrole, cela permettrait de créer de l’emploi, de la valeur ajoutée et une expertise en région.

Lors de la dernière journée du Sommet, les 24 sujets d’ateliers ont été soumis au vote des participants afin d’en déterminer la priorité.  Il est tout de même étonnant de constater que sur environ 200 personnes présentes, seules une trentaine de mains se sont levées afin de signaler que l’enjeu des régions est important, mais qu’il n’est pas une priorité pour les jeunes.

Les régions du Québec recellent de nombreuses ressources naturelles. Si elles ne retirent pas de bénéfices de l’exploitation de leurs ressources, elles se dévitalisent et se vident de leur population. Selon les participants, la présence des jeunes en région est essentielle pour assurer l’avenir du Québec.

De même qu’une tournée régionale a précédé le Sommet, il serait intéressant de profiter du succès de l’événement pour retourner soulever les mêmes questions sur les grands enjeux auprès des jeunes des régions, ce qui aurait aussi un effet positif pour stimuler leur participation.

NDLR: Article paru dans l’édition spéciale publiée à tirage limité dans le cadre du Sommet Génération d’idées, tenu du 26 au 28 novembre 2010 à Montréal.