Le 1er janvier 2012, les membres des quatre Caisses Desjardins de La Sarre, Royal-Roussillon, Nord du Lac-Abitibi et Sud de l’Abitibi-Ouest, retrouveront leur caisse là où elle était lors de leur dernière visite. Leur caisse portera toutefois un nouveau nom : la Caisse Desjardins de l’Abitibi-Ouest. En se regroupant, les 21 000 membres deviennent propriétaires d’une coopérative financière qui gèrera un volume d’affaires de plus de 1 milliard $ et dont l’actif dépasse les 400 millions $.
C’est à l’été 2010 que les présidents et directeurs se sont rencontrés pour discuter de l’idée de la fusion. Selon Guy Fortin, alors président de la Caisse du Sud de l’Abitibi-Ouest, « la collaboration entre les caisses était déjà installée ». Partageant des intérêts communs, le temps était venu d’unir leurs forces pour faire face à une concurrence toujours plus vigoureuse. Plusieurs banques sont présentes dans les villes comme La Sarre, mais elles ne vont pas s’installer en milieu rural, où la rentabilité n’est pas assurée. « Les caisses Desjardins ont une mission sociale que les banques n’ont pas. Aucun point de services ne sera fermé avec la fusion. En nous regroupant, notre volonté est de nous donner les moyens de maintenir notre engagement et les services dans chaque paroisse selon les besoins », déclare M. Fortin.
La clé du projet : la transparence
Pour le notaire Guy Bourget, membre de la caisse de La Sarre depuis 45 ans, le projet de regroupement s’est très bien déroulé. « Ils savent précisément où ils veulent aller avec la fusion. Le résultat espéré : une caisse plus forte. » Me Bourget a assisté à une des soirées d’information et il a participé au vote à main levée lors de l’assemblée générale extraordinaire de juin dernier. Selon lui, si les gens ont voté à 99 % en faveur de la fusion, c’est parce que les leaders du projet ont été « clairs et transparents ».
Plus de 400 membres se sont déplacés pour aller voter. C’est peu par rapport au nombre total de membres que comptera la nouvelle caisse. Guy Fortin, porte-parole du projet de regroupement, reconnaît que l’idéal serait une participation plus importante, mais affirme que ce n’est pas faute d’avoir essayé. Plusieurs moyens sont déployés pour rester en contact avec les membres. Par exemple, « nous sommes présents sur Facebook et conscients que pour rejoindre les jeunes d’aujourd’hui, il faut y être », avance M. Fortin.
« Réalisons plus ensemble »
C’est en brandissant le slogan Réalisons plus ensemble, que les caisses ont fait valoir aux membres les points positifs d’une fusion. En commençant par éliminer les duplications structurelles, la nouvelle caisse réalisera des économies de 600 000 $ à un million $ par année. Le fait de produire un rapport comptable annuel au lieu de quatre permettra à lui seul une économie de 150 000 $. « Ce n’est pas parce qu’on est une coopérative qu’on doit être pauvre. On peut très bien être en santé financière et agir sainement », déclare Guy Fortin. Selon ce dernier, une caisse plus performante pourra accorder davantage de dons et de commandites. Les membres pourront aussi bénéficier d’une ristourne plus intéressante.
Enjeux et défis
La fusion des caisses pourrait aussi répondre à un enjeu de taille, celui d’avoir une main-d’œuvre spécialisée en région pour répondre aux besoins des membres. Aucun poste n’a été aboli et le regroupement permettrait plutôt de retenir et d’attirer le personnel en mettant fin à la compétition entre les caisses pour le recrutement des spécialistes.
Apprendre à travailler ensemble, voilà ce que sera le premier grand défi de la nouvelle caisse. « Quatre milieux, quatre cultures. L’important, c’est que nous avons la volonté de relever ce défi », affirme Guy Fortin. Là où des choix plus déchirants ont été faits, c’est au niveau de la composition du conseil d’administration de la nouvelle caisse. « Nous devions choisir trois représentants par secteur. Nous avons perdu des gens d’expérience », explique M. Fortin, qui sera l’un des 14 administrateurs du nouveau conseil d’administration de la Caisse Desjardins de l’Abitibi-Ouest.