Ville d’environ 2 500 habitants implantée sur le territoire rural de la MRC de Mékinac, Sainte-Thècle ne cherche plus le modèle de développement qui lui sied. Après avoir démarré une coopérative de solidarité en santé en 2003, la municipalité pourrait bientôt lancer un autre projet coopératif, en habitation cette fois.

C’est depuis 2005 que les citoyens de Sainte-Thècle travaillent à mettre sur les rails une coopérative de solidarité en habitation dans leur municipalité. La naissance d’une coopérative de santé a bien démontré la faisabilité de ce type de projet et son impact positif sur le milieu.

La situation de Sainte-Thècle n’est pas une exception dans le milieu rural québécois. Avec une population vieillissante, des mesures doivent être prises afin de permettre aux aînés de demeurer dans le milieu de vie qu’ils ont toujours connu, même s’ils ne sont plus en mesure d’être autonomes à la maison.

Selon le maire Alain Vallée, de plus en plus de résidents âgés de Sainte-Thècle quittaient la municipalité pour déménager dans des résidences se trouvant dans les centres urbains de la Mauricie. Leurs parents n’étant plus là, on craignait qu’ensuite les jeunes nés à Sainte-Thècle ne retournent pas habiter dans leur patelin d’origine. Beaucoup d’efforts ont été déployés pour trouver une solution, des consultations publiques ont été menées et la solution coopérative s’est imposée d’elle-même.

Alain Vallée fait remarquer que l’état des lieux est le suivant : « il n’est pas rentable pour un promoteur privé de construire et d’opérer une résidence pour personnes âgées dans une petite municipalité comme Sainte-Thècle ». En effet, pour répondre aux besoins du milieu, une quinzaine de logements serait suffisante. Il en faudrait beaucoup plus pour que l’entreprise soit rentable du point de vue d’un investisseur privé.

Plusieurs projets coopératifs de résidences pour personnes aînées ont vu le jour en Mauricie et le modèle semble fonctionner. Dans les dernières années, Saint-Stanislas et Lac-aux-Sables ont par exemple développé ce type d’initiative dans leur communauté.

Le meilleur modèle de développement régional

Le projet de 2,7 millions pourrait voir le jour d’ici l’automne 2013. Quinze logements – onze 3 ½ et quatre 4 ½ – seront disponibles pour des retraités âgés de plus de 75 ans. Il devrait s’établir juste à côté de la coopérative de santé, personne ne contestera le potentiel de synergie entre deux services de ce type.

C’est une étroite collaboration entre plusieurs organismes du milieu qui a rendu l’aventure réalisable. La Caisse Desjardins de Sainte-Thècle-Saint-Adelphe, la municipalité, la Coopérative de développement régional et le groupe de ressources techniques des Habitations populaire du Québec sont tous impliqués à différents degrés. Un comité de citoyens a aussi été formé pour faire le suivi et vient tout juste de se doter d’un conseil d’administration provisoire.

Ce sont 80 000 dollars, provenant du Fonds de soutien aux territoires en difficulté qui viennent d’être débloqués pour, entre autres, financer l’embauche d’un agent de développement.

Si le maire Vallée estime réaliste d’espérer un appui gouvernemental couvrant 49% des coûts du projet, il signale également qu’entre 20 et 25% des investissements nécessaires devront provenir des citoyens. Ceux-ci seront appelés à contribuer par le biais d’une collecte.

Alain Vallée ne tourne pas autour du pot lorsqu’on lui demande d’exprimer son opinion à propos du modèle coopératif. Selon lui, ce dernier constitue « le meilleur mode de développement pour nos régions ». Rien de moins.

Les avantages du modèle sont nombreux. La nature du projet le rend par exemple éligible à l’aide financière gouvernementale, ce qui facilite sa rentabilité. Aussi, étant donné que nous avons ici affaire à « des intérêts collectifs et non des intérêts privés, les gens sont plus ouverts ».

« Quand le gouvernement ne fait rien, ça ne sert à rien d’aller brailler, il faut se prendre en main », conclut-t-il.