Sur la grève Morency, l’artiste Caroline Jacques a invité les festivaliers à réaliser une œuvre éphémère avec tout ce qu’ils ont trouvé sur le rivage. Un espace-temps de création 100% nature et de méditation, à quelques kilomètres du centre de Trois-Pistoles où le festival bat son plein avec les spectacles musicaux, les conférences et la causerie de Gabriel Nadeau-Dubois. Une pause découverte salutaire, inondée de soleil et bercée par le Saint-Laurent.

Pierres, algues brunes et laminaires, joncs et foin de mer, du sable de différentes couleurs, coquillages, bois flotté, fleurs des champs, tous ces petits trésors ont été glanés par les promeneurs de la plage et agencés en formes et reliefs au gré de leur imagination. Couleurs et matières dessinent des spirales, cercles, lignes et cœurs sur une surface d’environ 20 mètres carrés. En moins d’une heure, une vingtaine de personnes, adultes et enfants, ont réinventé la nature le temps d’une marée basse.

«Il s’agit de montrer aux gens qu’on peut créer en total respect de la nature, sans empreinte nuisible, et que cela ne coûte rien, explique l’artiste et animatrice. C’est un moment méditatif, car les gens se promènent sur la plage et ils dessinent». Caroline Jacques tient une galerie d’art contemporain à Saint-Fabien et anime des ateliers de création dans les écoles avec des matières récupérées. Pour inspirer les festivaliers, elle a apporté des images des oeuvres de l’artiste britannique Andy Goldsworthy, une figure majeure dans le mouvement Land Art.

À la manière d’Andy Goldsworthy, reconnu mondialement pour ses œuvres Land Art: une source d’inspiration pour l’atelier de Caroline Jacques. – Photo: Christine Gilliet

Au-delà des habitudes

Marie-Noëlle et ses enfants, Clémence et Théo âgés de quatre et trois ans, peaufinent l’œuvre collective avec un plaisir et une concentration manifestes. «C’est la première fois que je fais du Land Art, confie la jeune maman. On vient souvent avec les enfants sur la plage et on ramasse des objets dans nos poches qu’on ramène à la maison pour en faire des créations, on fait aussi des châteaux de sable, mais on n’avait jamais pensé à créer une véritable œuvre sur place».

Cet atelier est pour Caroline Jacques une façon de poursuivre son objectif de faire connaître au public d’autres formes d’arts visuels que l’art figuratif, de le faire travailler juste avec ses mains et avec ce qu’il a sous la main. Quelques heures plus tard, la marée et le vent emporteront l’imaginaire des festivaliers, seules quelques pierres en cercles témoigneront encore de leur passage et de leur production.