Dans une période où l’individualisme prend trop souvent le pas sur le collectif, l’annonce d’un projet de service citoyen par le gouvernement québécois a de quoi réjouir. Ce projet, inspiré des services civiques français et américain, a été dévoilé en début de semaine lors de la présentation du Livre blanc sur la politique québécoise de la jeunesse.

En France, l’idée est née de l’utopie de trois étudiantes de 22 ans, deux françaises et une américaine. Leur rêve : qu’il devienne naturel que chaque jeune consacre une étape de sa vie à la solidarité. C’était en 1994. Elles ont fondé un organisme au nom évocateur, Unis-Cité. Leur projet ? Des équipes de jeunes de différents horizons allaient s’engager pour accompagner des personnes âgées isolées, sensibiliser les jeunes aux conduites à risques, préparer des repas pour les itinérants.

Il a fallu attendre 16 ans pour que ce projet devienne le service civique en 2010 : un engagement volontaire au service de l’intérêt général, ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans, sans condition de diplôme ; seuls comptent les savoir-être et la motivation.

Le statut de volontaire proposé par la loi permet de passer six mois à un an auprès d’un OBNL, en recevant une indemnité, une protection sociale, un tutorat et une reconnaissance.

Un tel programme offre à la jeunesse un moyen d’exprimer sa volonté d’engagement, une façon de vivre une citoyenneté active et de découvrir d’autres univers. C’est aussi l’occasion de mûrir, de prendre confiance en soi, de prendre le temps d’envisager son projet d’avenir. Une étude montre d’ailleurs qu’il accroît le sens civique et favorise le retour aux études et l’insertion en emploi.

L’intention d’un service citoyen est excellente. S’inspirer des modèles américain ou français peut aider. Mais cela ne suffit pas à en faire un projet pertinent pour le Québec et pour sa jeunesse.

Chaque pays a trouvé sa formule gagnante et le Québec devra adapter le concept à sa propre réalité. Il faut s’assurer de proposer la formule la mieux adaptée à la réalité des jeunes et à celle des organisations susceptibles de les accueillir, sans créer de distorsions dans les programmes existants, et ce à un coût raisonnable.

Pour cette raison, l’Institut du Nouveau Monde (INM) recommande au gouvernement de mener une étude de préfiguration qui permettrait de cerner, en consultation avec la société civile, les jeunes et les citoyens, les contours de la version québécoise d’un tel projet.

Ce projet d’étude est appuyé par plusieurs organisations, dont les Offices jeunesse internationaux du Québec, la Table nationale des Corporations de développement communautaire, la Fédération étudiante collégiale du Québec, la Fédération étudiante universitaire du Québec, Katimavik, et DesÉquilibres.

L’étude permettrait, entre autres, de voir s’il est opportun de mener un projet pilote avant de déployer un programme sur l’ensemble du territoire québécois.

C’est au printemps 2015 que le programme serait lancé. Nous disposons de 16 mois pour inventer le service citoyen québécois.

Olivier Lenoir, Coordonnateur, À go, on change le monde!
Michel Venne, Directeur général
Institut du Nouveau Monde