Le mouvement coopératif serait-il le mieux placé pour guider le Québec vers le développement durable? C’est ce thème qui a retenu l’attention au Forum coopératif du Bas-Saint-Laurent, tenu le vendredi 21 septembre 2012 à l’Hôtel Lévesque de Rivière-du-Loup. Les participants enthousiastes se sont penchés sur la question triple du développement social, économique et environnemental. Au moment où le nouveau gouvernement du Québec semble aborder un virage vert, les coopératives offrent-elles aux citoyens une façon de se l’approprier?

Pour Claude Ouellet, président de la Coopérative de développement régional (CDR) Bas-Saint-Laurent/Côte-Nord, les coopératives sont le lieu privilégié d’engagement pour les citoyens qui veulent changer le monde. Les forums de ce genre, explique-t-il, «permettent de constater à quel point la coopérative est enracinée dans notre milieu et que le développement local et régional passe beaucoup par les coopératives, et par leurs membres. Le Bas-Saint-Laurent a toujours été un endroit propice à l’éclosion de coopérative».

Des études environnementales coopératives et indépendantes

D’un point de vue environnemental, c’est la gestion de nos ressources énergétiques qui semblent soulever le plus de préoccupations. Qu’il s’agisse de l’éolien, du biogaz ou des énergies fossiles, il a été répété que les décisions concernant ces ressources se faisaient trop souvent en fonctions des retombées économiques à court terme, au détriment des conséquences environnementales à long terme.

Une idée ambitieuse a été évoquée: une coopérative qui offrirait une expertise environnementale, qui pourrait diriger les études de projets énergétiques sur le terrain de façon indépendante et crédible. La CDR a déjà jeté les bases d’un tel projet, sous le nom CoopERE.

«Il y a des cerveaux au Bas-Saint-Laurent, rappelle Nathalie Lewis, directrice du département Sociétés, territoires, développement à l’UQAR. Il faudrait trouver un moyen de les mettre au service, pour la gestion des technologies de l’énergie. Ne plus être à la remorque des technologies vertes, mais plutôt être des précurseurs. On a la force vive des cerveaux, on est capable de capitaliser ça».

Développement social et complémentarité

L’un des enjeux sociaux principaux évoqué concerne l’occupation du territoire. Les participants du forum ont partagé leur inquiétude face à un développement inégal, à deux vitesses, entre les zones urbaines, concentrées sur le littoral, et les zones rurales dans le haut-pays. Ils souhaiteraient voir les coopératives du Bas-Saint-Laurent s’allier pour arriver à une meilleure complémentarité entre les différents milieux.

Plusieurs obstacles ont été identifiés: l’exode rural, la difficulté de recrutement de nouveau personnel qualifié et le manque de capitaux. «Tout ne doit pas reposer sur les initiatives de l’État, affirme Carol Saucier, professeur retraité de l’UQAR et ex-président de la CDR. On a une responsabilité collective pour favoriser un développement solidaire, et les coopératives et les mutuelles ont un rôle important à jouer à ce niveau-là. Entre autres choses, on a beaucoup parlé de l’éventualité de constituer un fonds de développement coopératif pour favoriser un développement endogène dans la région».

Mettre l’économique au service de l’humain

Le développement économique de la région a été abordé avant tout dans son aspect humain, indique la directrice communication et marketing du Groupe Dynaco, Céline Boisvert, qui a animé la discussion portant sur ce thème. «Un enjeu sur lequel il y a énormément d’éléments qui ont été soulevés, c’est la question de la relève des entreprises», résume-t-elle. C’est une question d’autant plus grave que le modèle coopératif est encore peu connu. «Il y a une perception négative des coopératives. C’est un modèle qui est souvent perçu [comme servant seulement à] se sortir de la misère, alors qu’au contraire, on a ici beaucoup d’entreprises coopératives qui sont des succès économiques

Cet enjeu a par ailleurs été remarqué par des participants dans tous les ateliers, et considéré comme un obstacle majeur. Il fut suggéré par plusieurs personnes que l’une des priorités du mouvement coopératif bas-laurentien serait tout d’abord de se faire connaître, d’investir les médias sociaux et traditionnels, de rencontrer de jeunes entrepreneurs et d’offrir des formations à la gestion de coopérative.