Depuis maintenant deux semaines, les Indignés d’Occupons Montréal assiègent la place de la Bourse, sous la tente, pour réclamer une société plus juste et démocratique. Parmi eux, des correspondants du journal Ensemble transmettront des reportages hebdomadaires pour témoigner de cette mobilisation de longue haleine, directement à partir du terrain. Ce premier article de Paula Monroy décrit le fonctionnement de la microsociété qui s’est installée en plein quartier des affaires.

Jean-Pier Goyer a écrit sur son compte Facebook : « Le livreur de Purolator amenant le porte-voix que j’ai acheté pour Occupons Montréal m’a serré la main et dit : « S’il vous plaît, ne lâchez pas et continuez votre bon travail ! » Impressionnant, non ? » Jean-Pier est un des 400 militants occupant le Square Victoria, renommé la Place des Peuples depuis le 15 octobre.

Entourée par le Centre de commerce mondial, la tour de la Banque Nationale, le centre CDP Capital et l’hôtel W Montréal, la Place des Peuples accueille entre ses arbres plus de 230 tentes, une cuisine communautaire, une yourte, un hôpital de campagne, quatre panneaux solaires, deux génératrices, une borne Internet sans fil, une zone familiale, quatre toilettes portatives et plus de vingt comités bénévoles.

Assemblée générale

La communauté de la Place des Peuples est régie par une assemblée générale, qui se réunit aussi quotidiennement que possible. Avec un auditoire de 75 personnes, les décisions peuvent être prises par l’assemblée. La température ne cessant de se rafraîchir, les assemblées ont été déménagées du monument de la reine Victoria à l’entrée du métro Square-Victoria.

« Mic check ! » crie un participant de l’assemblée, avant que la foule ne le répète en chorale : « Mic check ! ». Les mégaphones ont été remplacés par le « micro du Peuple ». Lorsque quelqu’un parle à l’assemblée, les participants répètent en coeur ce l’orateur a dit. C’est la stratégie appliquée par le comité de facilitation de l’assemblée le 22 octobre pour permettre l’application de la démocratie directe.

Les facilitateurs changent à chaque assemblée, en alternance homme-femme. Un ou une secrétaire prend note de ce qui y est dit, et deux volontaires prennent les noms de ceux qui veulent faire un commentaire ou une proposition. Une autre personne est disponible pour les questions et informations. La majorité des participants parlant le français, des volontaires traduisent au fur et à mesure pour ceux qui ne comprennent pas. Lorsqu’une proposition est faite, elle est débattue et amendée. On vote à l’aide de gestes de mains pour éviter le désordre.

Le 22 octobre, l’AG s’est mise d’accord pour enlever la table du groupe Lyndon Larouche. « Ce n’est pas contre ces personnes, mais contre leurs idées qui sont xénophobes, racistes, homophobes et anti-écologique. Nous excluons leur table, mais pas ces individus. », a affirmé le comité des Premières Nations.

Mobilisation

Malgré la pluie, l’AG s’est rendue au conseil municipal de Montréal du 24 octobre, à temps pour la période de questions. Le but principal était d’obtenir la permission d’occuper la Place Jean-Pierre Riopelle, ce qui a été refusé pour des questions de sécurité, selon le président du conseil exécutif Michael Applebaum.

Cela fait deux semaines que le mouvement Occupons Montréal a pris place. « Je crois que nous sommes à un point tournant, c’est ce que votre mouvement montre. », à déclaré Richard Bergeron, chef de Projet Montréal et conseiller à la Ville de Montréal lors de sa à visité l’assemblée générale du 26 octobre.

Environ 500 manifestants se sont mobilisés à la Place des Peuples pour une marche de l’indignation vers le consulat des États-Unis, samedi dernier. La Police ayant suggéré d’accorder le sens de la marche avec celui de la circulation automobile, l’assemblée a accepté la proposition. « Nous voulons être pacifiques, non passifs. », a commenté un des manifestants.

Financement

La Ville a rejeté la pétition concernant une demande d’aide pour la location des toilettes chimiques. La construction de toilettes à compost est donc un nouveau projet en cours. Pour l’instant, la cueillette de canettes et contenants consignés aide au paiement des coûts de location.

Plusieurs dons de vêtements et en argent comptant continuent d’arriver. Selon le comité des Finances, un total de 10 000 $ a été reçu. Cependant, certains dons étant des chèques, les services des coopératives de crédit doivent être considérés, car l’ouverture d’un compte de banque n’est pas envisageable.