Saint-Ailleurs coupe le cordon avec les matières fossiles. La municipalité s’inspirera de l’initiative de la Coopérative forestière de Causapscal en privilégiant la biomasse forestière pour le chauffage de ses bâtiments institutionnels. La substitution de l’utilisation des combustibles fossiles par cette forme d’énergie permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon considérable.

La biomasse forestière se compose des rebuts de l’industrie forestière sur les sites de récolte du bois. «Ces résidus sont ensuite transformés en copeaux ou densifiés en granules. Cette deuxième option s’avère la plus facile à utiliser», explique M. Eugène Gagné de la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF). Une fois le produit transformé, il est livré aux bâtiments par camion sur une courte distance et la quantité livrée répond aux besoins énergétiques spécifiques de chaque bâtiment.

Dès l’arrivée à la chaufferie, l’acheminement des copeaux ou des granules vers la chaudière s’effectue de manière automatisée. La combustion de la biomasse permet le fonctionnement d’un système de chauffage à eau chaude. Bien que cette matière puisse être employée autrement, «le chauffage reste la meilleure utilisation qu’il est possible d’en faire», soutient M. Gagné.

Du local au provincial

L’Agence de l’efficacité énergétique évalue la performance de la biomasse forestière  comme étant supérieure à celle de l’éthanol. De plus, la production de gaz carbonique résultant de la combustion des copeaux ou des granules serait équivalente à celle qu’auraient produite les résidus en décomposition laissés sur les terrains de coupe.

Sur le plan communautaire, l’utilisation de la biomasse forestière permet la création ou le maintien des emplois locaux, puisque la récolte, la transformation et le transport de cette matière doivent se faire sur de courtes distances. L’usage de cette forme d’énergie permet également «d’affranchir les communautés de la dépendance envers les carburants fossiles», souligne M. Jocelyn Lessard, directeur général de la FQCF.

Dans certaines communautés, notamment celle de Mont-Carmel, l’implantation d’une forêt de proximité permet un approvisionnement stable en biomasse ainsi qu’une réduction des gaz à effet de serre résultant du transport. Il faut cependant préciser que le système de forêt de proximité en est encore au stade expérimental.

En ce domaine, le Québec accuse un retard sur les pays européens, retard qui s’explique par l’importance de l’hydroélectricité. Le gouvernement provincial démontre toutefois un intérêt grandissant depuis le Plan d’action sur les changements climatiques du gouvernement du Québec et la création du Fond vert. Deux programmes ont d’ailleurs été mis en place pour favoriser les initiatives entourant la biomasse forestière, celui de la réduction de la consommation de mazout et celui d’aide à l’utilisation de la biomasse pour le chauffage.

Ces initiatives viennent à point, car selon Louis Roussel, professeur au Département de technologies du bois et de la forêt du Cégep de Sainte-Foy, «il est aberrant de voir que les bâtiments du gouvernement sont encore chauffés avec de l’huile provenant du Venezuela alors que la forêt québécoise regorge de ressources!»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant. Sauf les premiers mots de cet article qui reflètent le cadre fictif.