Le village de Nouvelle, en Gaspésie, a renouvelé pour trois ans l’entente avec Telus qui lui fournit la bande passante pour son réseau internet municipal. Cette infrastructure hors du commun permet à l’ensemble des résidents et des entreprises de la localité d’avoir accès à Internet haute vitesse, depuis maintenant quatre ans, au tarif fixe de 50 $ par année.

De retour d’un voyage en Californie, où il avait accès à Internet à n’importe quel endroit de la ville de Los Angeles, Richard St-Laurent, maire de Nouvelle, a eu l’idée d’étudier la faisabilité d’un projet de mise sur pied d’un réseau Internet sans fil similaire sur son territoire.

Un projet novateur

Après une étude de faisabilité concluante, ce projet a été soumis au conseil municipal et, aux dires du directeur général de la municipalité, Daniel Bujold, la foule présente à ovationné le projet lors de son acceptation.

Pendant les deux années d’implantation, la ville a investi près de 200 000 $ en infrastructure, laquelle est composée de tours et de relais utilisant un mélange des technologies Wi-Fi et Wi-Max. Cela représente, selon Daniel Bujold, une somme de 15 $ par année par résidence pendant 10 ans. Construit en étoile, le réseau rejoint des résidences éparpillées sur un territoire de 230 km2.

« Si nous avons pu le faire ici, avec ces conditions,
ce projet est possible n’importe où. »

Daniel Bujold, directeur général de la municipalité de Nouvelle

Il y a un mois, la municipalité a renouvelé une entente de trois ans avec Telus pour l’accès à la bande passante. Selon la municipalité, le coût de location de la bande passante, en plus du soutien technique et informatique de deux autres firmes d’experts-conseils et du travail de quelques employés municipaux affectés au projet, équivaut à environ 50 000 $ par année. Ce coût permet à la municipalité de pratiquer des tarifs de 50 $ par année par résidence et de 150 $ par année par commerce.

Pour recevoir le signal du réseau, les citoyens doivent se munir d’un amplificateur d’ondes installé sur leur bâtiment et relié à leur ordinateur. Selon M. Bujold, le coût d’un tel appareil se situe entre 250 $ et 500 $. Pour aider les citoyens à réaliser cet achat, la ville leur propose de l’amortir sur deux ans.

Actuellement, environ 500 logements sont branchés au réseau. En plus de libérer les lignes téléphoniques résidentielles, ce projet donne accès aux citoyens à une connexion d’une vitesse d’un mégabit par seconde, et bientôt le double. Les travailleurs et les étudiants qui ont des besoins particuliers ont, pour leur part, accès à une vitesse de cinq mégabits par seconde.

La force du nombre

L’une des particularités de ce projet est de libérer le citoyen de sa relation de consommateur-payeur en regard de l’accès à Internet. « Les gens ne payent pas pour le service, tout le monde contribue. Il s’agit d’un service communautaire », souligne le directeur général de la municipalité. En mettant en commun ses ressources, ce village de 1 725 habitants a réussi à se doter d’un service de qualité à un prix plus que concurrentiel.

Village de Nouvelle.

Le village de Nouvelle – Photo: Municipalité.

Le prix payé par les citoyens de cette communauté est et sera, pour les six prochaines années encore, cinq fois inférieur aux tarifs offerts par les ténors en la matière pour un service équivalent dans les centres urbains. Pour les années subséquentes, il restera jusqu’à sept fois moins cher.

Un projet à la portée de tous

La grande superficie du territoire à couvrir et sa géographie accidentée ont posé quelques défis techniques aux responsables du projet. Les montagnes se trouvant sur le territoire et la distance entre les édifices ont complexifié l’installation du réseau. Toutefois, malgré tous ces obstacles, la municipalité réussit maintenant à couvrir efficacement l’intégralité de son territoire. « Si nous avons pu le faire ici, avec ces conditions, ce projet est possible n’importe où », conclut le directeur général.

Si, à Nouvelle, c’est de la municipalité qu’est venue la réponse collective au besoin des citoyens, il existe dans les régions du Québec une trentaine de coopératives de câblodistribution et de télécommunication, dont plusieurs offrent des services d’accès à Internet. L’un des exemples les plus récents en la matière est l’initiative de la Coopérative de solidarité Csur. Dans des conditions fort similaires celles de la municipalité de Nouvelle, Csur offre un service Internet haute vitesse à près de 500 personnes dans dix municipalités de la MRC de Vaudreuil-Soulanges. Ce modèle rappelle les débuts de l’électrification rurale, où les citoyens des communautés les plus isolées ont répondu à leur besoin en fondant des coopératives